dimanche 11 octobre 2015

Paraplégique, il retrouve goût à la vie en montant à cheval

Guillaume a le sourire. Le soleil d'automne qui baigne les terres du Daoudou, là où les fjords vont et viennent, n'y est pas étranger. Pourtant, victime, il y a cinq ans, d'un terrible accident de scooter, ce jeune Monégasque vivant la vie par les deux bouts, devenu paraplégique, aurait pu s'enfermer dans la chape de plomb de la solitude. Au contraire, l'envie d'avancer et de vivre, un point c'est tout, eut raison du doute et du découragement.
Le hasard faisant bien les choses, un beau jour il apprit que là-haut, du côté de Najac, dans la lointaine Aveyron, une ferme équestre développait un concept autour du handicap et du cheval. Dans son antre aux confins du Rouergue, paysanne au sens de l'accueil prononcé, Marie-Pascale Gauffre a toujours bousculé et les idées reçues et la force de l'habitude. De tout temps, elle a reçu chez elle vacanciers en mal d'espaces verts et curieux amateurs de cheval. De fil en aiguille, avec la patience du temps, elle restaurera une vieille bastide pour la transformer en un gîte pour handicapés. Avec toujours l'idée en tête de permettre à ces personnes souffrant de handicap que leur quotidien soit le moins éloigné possible de celui des valides. D'où aussi, après forces cogitations et tâtonnements, l'émergence d'un gros travail au niveau des selles et du harnachement. «Avec le handicap, il faut bien comprendre ce que l'on peut faire ou ne pas faire», assure Marie-Pascale. Au bout du chemin, cela est tombé à pic pour offrir à Guillaume la possibilité de donner libre cours à sa nouvelle passion. «C'est vrai que j'ai été un peu le cobaye volontaire», sourit-il, en racontant comment, n'ayant aucune sensation à ses membres inférieurs, il ne pouvait pas se contrôler et ses fesses passaient parfois par-dessus l'accoudoir… Les progrès du jeune cavalier impressionnent la maîtresse des lieux. «En disant à Guillaume qu'il peut randonner avec les autres, nous avons atteint notre but», salue-t-elle, tout en précisant : «J'ai tenu à ce que le prix des randos soit le même pour les handicapés que pour les valides».
Dans le corral, «Poème», le fjord fétiche de Guillaume, piaffe d'impatience. Il sait que l'heure de monter approche. Tous les deux vont filer pour une escapade tortueuse dans les forêts. Dans un éclat de rire, le jeune homme lâche : «Si j'écoutais Marie-Pascale, qui veut me faire passer les Galops, demain je m'engagerais dans les JO handisports». Mais pour lui l'essentiel est ailleurs. Cette joie de vivre, il la retrouve ici, en pleine nature, à trotter et galoper accroché à son cheval.
 

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