lundi 8 août 2016

Claire, anorexique en rémission : «L'anorexie est une maladie vicieuse, elle devient une routine»

Claire a 21 ans, de grands yeux bleu-gris, de longs cheveux bruns, des mains fines. Il y a moins d'un an, la jeune étudiante est tombée dans l'anorexie. Sa maladie l'a amaigrie, elle se souvient «avoir eu la peau sur les os au niveau des bras, du dos et du bassin». De 54 kg, elle est descendue en six mois à 39 kg pour 169 cm. Avec un taux de potassium trop bas qui mettait son cœur en danger, Claire a accepté l'hospitalisation. Elle n'a pas aimé la suite mais elle a décidé d'en parler. «L'anorexie est une maladie très vicieuse, elle peut revenir à n'importe quel moment, je ne souhaite ça à personne».
Quand nous l'avons rencontrée, au début de l'été, Claire allait mieux, expliquant qu'elle avait «retrouvé son tempérament fort et une envie de témoigner pour les autres anorexiques qui n'y arrivent pas et pour dire à leur entourage que ce n'est pas une question de volonté. Pour moi, il n'était pas question de vouloir maigrir à tout prix, d'ailleurs je ne me pesais jamais. Sans me forcer, je vomissais tout ce que je mangeais. Comme les angoisses peuvent vous faire tomber dans la drogue ou l'alcool, moi je suis tombée dans l'anorexie», pose la jeune femme.
Claire avoue ne pas trop comprendre ce qui a déclenché la maladie. «J'étais au début de ma troisième année d'école d'ingénieur agronome, réputée plus cool que les autres. J'étais très détendue à cette période, je me suis posée trop de questions, comme si toute l'exigence accumulée les années précédentes avait explosé. Je suis devenue fasciste envers mon corps, j'ai créé un vide psychologique».
Claire ne peut pas dire aujourd'hui qu'elle est tirée d'affaire mais elle n'est plus dans le déni de la maladie et surtout elle veut donner des conseils. «Aux amis d'anorexiques, je dis qu'il faut se bouger pour que la personne sorte de sa bulle même si on a peur de la fatiguer, car l'anorexie est une routine dans laquelle on se sent sécurisé», lance l'étudiante qui ne veut plus jamais vivre les pesées hebdomadaires et les contrats de poids comme lors de son hospitalisation. Aujourd'hui, Claire vient de quitter la clinique où elle se rendait depuis plusieurs semaines en hospitalisation de jour. À la fin du mois, elle doit s'envoler vers les États-Unis pour quatre mois dans le cadre de ses études. Avec des questions et des angoisses bien sûr mais convaincue que cette aventure l'aidera à sortir un peu plus de la maladie en laissant les angoisses du quotidien.
http://www.ladepeche.fr/communes/toulouse,31555,sante.html

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