samedi 3 septembre 2016

L'AP-HP suspend la distribution de lait maternel après deux décès suspects

Le lactarium d'Île-de France, abrité par l'hôpital Necker à Paris, a pris cette décision à la suite d'une suspicion de contamination de trois grands prématurés dont deux sont morts.
Il s'agit «d'une mesure de précaution». Ce samedi, l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) a annoncé que le lactarium d'Île-de-France, rattaché à l'hôpital Necker, suspendait sa distribution de lait maternel, issu de dons. À l'origine de cette décision, une «suspicion de contamination de trois grands prématurés», dont deux sont décédés, écrit l'AP-HP dans un communiqué.
Depuis le 6 août, trois nouveau-nés ont été contaminés par une bactérie appelée «Bacillus Cereus». Celle-ci peut contaminer les aliments et être responsable d'intoxications alimentaires (vomissements, diarrhées) souvent bénignes chez l'homme mais qui peut avoir «des conséquences graves chez certains grands prématurés ou personnes fortement fragilisées», explique l'AP-HP. Deux des nourrissons sont décédés «sans qu'il soit possible à ce stade de dire si c'est l'infection (bactérienne, ndlr) qui est à l'origine de l'aggravation de leur état», poursuit l'AP-HP, précisant que le troisième grand prématuré se porte bien. En clair, on ignore si la bactérie est à l'origine de leur décès.

Des examens sont en cours

Des analyses de souches ayant contaminé les nouveau-nés sont donc en cours. «Il s'agit de savoir si ces souches sont identiques et donc s'il peut y avoir une origine commune à ces trois situations de contamination», détaille l'AP-HP. Le résultat de ces examens sera disponible au plus tard en fin de semaine prochaine. Parallèlement, d'autres enquêtes sont réalisées pour identifier les causes de ces contaminations.
Les hôpitaux de Paris tentent aussi de savoir si le lait donné à ces grands prématurés pesant moins d'un kilo pourrait être à l'origine de ces contaminations. En effet, tous trois ont reçu dans leur alimentation du lait d'origine maternel délivré par le lactarium d'Île-de-France. Il a donc été décidé de suspendre leur distribution par mesure de «précaution», avec rappel des lots. Même si à ce stade, «les contrôles microbiologiques effectués sur les laits délivrés par le lactarium de Necker (y compris ceux administrés aux trois nouveaux nés concernés) ont tous été négatifs», reprend l'AP-HP. Pour l'heure, il «n'est pas possible d'affirmer que ce lait soit à l'origine des contaminations, mais il n'est pas non plus possible de l'exclure à ce stade», ajoute l'établissement.

6000 litres de lait distribués chaque année

Le don de lait est très encadré. «Le lait collecté est pasteurisé et contrôlé en respectant le guide de bonne pratique», affirme l'Hôpital Necker sur son site Internet. Sont effectués «des contrôles bactériologiques, virologiques (examens sérologiques vis à vis des virus HIV, HCV …)» et un «dépistage des fraudes (recherche de protéines de lait de vache)». Lorsqu'une jeune maman accepte de faire don de son lait, l'équipe du lactarium lui fournit tout le matériel nécessaire: tire-lait, récipients. La maman remplit l'équivalent d'un petit biberon par jour, le congèle et le remet aux équipes du lactarium qui passent les récupérer tous les quinze jours.
Chaque année, le lactarium d'Île-de-France, qui approvisionne les services de néonatologie de la région Ile-de-France et d'autres régions, délivre 6000 litres de lait. Les prématurés reçoivent ce lait le temps que la lactation de leur propre mère se mette en route ou lorsque la maman ne peut pas ou ne souhaite pas allaiter, rappelle l'Hôpital Necker. 90% des bébés recevant les dons de lait sont des bébés prématurés. Les 10% restant sont des bébés hospitalisés pour des pathologies graves du système digestif ou autre.
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/index.php
 

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