Quatre ans après la mort d'Hamza Benamra, fauché par une voiture dont le conducteur a pris la fuite, la mère de cet adolescent ne comprend pas. Et elle espère toujours que des témoins vont parler.
«Hamza, c'était un gros farceur, la joie de vivre… Tout le monde l'appréciait.» Myriam Benamra sourit en évoquant son fils, parti trop tôt à l'âge de 14 ans. Il circulait sur sa petite moto quand un conducteur lui a coupé la route, le 13 octobre 2013 rue Henri-Desbals au cœur de La Reynerie, à Toulouse. Son passager a été grièvement blessé. Lui n'a pas pu être ranimé par les secours. C'était il y a quatre ans. Le visage de sa mère s'est déjà fermé : «Il nous manque. Comment arriver à oublier sa disparition ? Comment imaginer que, peut-être, je croise des gens qui savent exactement ce qui s'est passé et ne parle pas ? Je ne le supporte pas !»
Le soir de l'accident, le conducteur de la Renault Clio responsable de l'accident (il a refusé une priorité) a pris la fuite, abandonnant les deux victimes. Un père de famille s'est livré 48 heures après à la police. Le début d'une incroyable série de mensonges et de mauvaise foi qui reste d'ailleurs en travers de la gorge des enquêteurs et du juge en charge du dossier. «Je n'en veux ni à la police, ni à la juge d'instruction. Ils ont cherché, vite compris que celui qui s'accusait ne se trouvait pas au volant. Mais qui alors ? Cet homme sait, sans doute. D'autres également mais personne n'ose se confier. Pourtant demain, eux aussi peuvent perdre un enfant dans un accident !»
Pour se protéger, chasser les fantômes, la famille Benamra a quitté le quartier de la Patte d'Oie, à Toulouse. «Nous avions trop de souvenirs là-bas mais cela reste délicat de vivre. Pourtant nous espérons toujours que quelqu'un se confie, dise qui conduisait la Renault Clio. Ils ont abandonné mon fils après l'avoir percuté. Salim, son copain, est resté trois semaines à l'hôpital. Aujourd'hui, si son corps va bien, cela reste très difficile pour lui. Il a vu son copain mourir. Comment les gens qui ont fait ça peuvent-ils vivre ?» s'interroge la mère, des larmes plein les yeux.
Avant l'été, la doyenne des juges d'instruction Myriam Viargues a clôturé le dossier. L'homme qui s'était livré et a passé six mois en détention sera poursuivi pour conduite sans permis mais pas pour l'accident dont le responsable reste inconnu. «Deux filles ont été soupçonnées. Si ce sont elles, elles vont bientôt se marier, avoir des enfants… Pensent-elles à notre douleur, à ce que nous subissons ?»
Au-delà des maux, Myriam Benamra espère pourtant toujours. «Je connais les cités et la loi du silence qui s'y impose. Je sais aussi que demain, quelqu'un peut parler pour se sortir d'un mauvais pas. Je l'espère. Pour savoir qui conduisait, mettre enfin un visage sur le ou la responsable de la mort d'Hamza et essayer, enfin, d'oublier ce drame pour ne conserver dans ma mémoire que le sourire de mon fils.»
http://www.ladepeche.fr/communes/toulouse,31555.html
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