Selon Stéphane Boulade, représentant régional de Sud-Rail, l’arrêt spontané de l'ensemble des contrôleurs de la région devait avoir d’importantes répercussions sur le trafic. Un train ne peut pas partir sans contrôleur à bord. Dès le début d’après-midi, des annulations de trains ont commencé à s’afficher sur les panneaux des gares. Mais la direction n’a fourni aucune estimation précise. Des mouvements d’humeur se sont fait sentir chez les usagers dépourvus d’information. « On est conscient de la gêne occasionnée mais on ne peut plus aller au travail la peur au ventre » dit Bernard Blondet, représentant CGT de la région de Lyon.
L’agression qui a déclenché cette réaction, unanimement soutenue par les syndicats, a eu lieu dans le train de nuit Nice-Strasbourg. Au sud de Valence, un des trois contrôleurs du convoi a été violemment pris à partie par un homme ivre. Bousculé, griffé, la chemise arrachée, projeté au sol, selon les précisions rapportées par les syndicats. L’agent aurait subi deux jours d’interruption totale de travail. La direction régionale de la SNCF a livré une version moins violente. » Un SDF alcoolisé a légèrement agressé un contrôleur » a déclaré un porte-parole de l’entreprise. L’agresseur aurait été débarqué en gare de Valence et remis aux services de police.
Cette agression s’ajoute à deux incidents survenus dans le week-end. « On sentait venir le ras-le-bol, ça été la goutte d’eau » explique Stéphane Boulade. Hier vers 16 heures, une soixantaine de contrôleurs se sont rassemblés dans un établissement à proximité de la gare de Perrache. Une rencontre a eu lieu avec Laurence Witz et les responsables du comité d’hygiène et de sécurité au travail. Les quatre syndicats de contrôleurs (Sud, CGT, CFDT, UNSA) ont fait front commun. Les discussions étaient en cours sur la validation du droit de retrait. Une réunion sur la sécurité qui était prévue dans un mois, a été avancée à aujourd’hui. Les contrôleurs réclament des embauches immédiates. Un préavis de grève pour vendredi est envisagé par les syndicats.
"On ne veut plus être les cibles d'une société violente"
Témoignages. Les syndicats comptabilisent 25 outrages et agressions en moins de trois mois. La direction minimise la gravité.Saïd, 32 ans, est contrôleur sur les lignes régionales. Samedi, entre Valence et Lyon, il s’est fait insulter et pousser dans les escaliers par un voyageur sans billet. » On ressent une agressivité permanente, c’est très pénible » témoigne le jeune homme. Vendredi, Vanessa, 23 ans, tentait de raisonner un jeune couple qui se battait dans le train. Résultat : une bordée d’injures et des menaces graves. « Les gens n’ont plus de respect » confie la jeune femme. Selon les syndicats, vingt-cinq outrages et agressions se sont produits dans les trains des lignes de la région de Lyon depuis le mois de mars dernier. La liste est longue de menaces, insultes, jet de pierres, et même coup de gaz lacrymogène, comme le 4 mai dernier. « On ne veut plus être les cibles d’une société violente qui n’a plus de respect » dit Bernard Bondet, représentant CGT. Réunis hier après-midi à Perrache, les contrôleurs de la région dénoncent tous » la multiplication des agressions » et regrettent amèrement un profond malentendu. « Un contrôleur ce n’est pas que la répression, ce n’est pas que les PV pour des défauts de billets, c’est un rôle d’accompagnement, de conseil, d’aide auprès de tous les voyageurs et d’abord les plus fragiles » témoigne un agent. Pour les syndicats, la dégradation de la situation renvoie à « une politique de déshumanisation des gares », avec de moins en moins de personnel. Et du coup des contrôleurs qui se retrouvent en première ligne. « Si je devais m’arrêter à tout, je déposerais plainte une fois par semaine, l’autre jour quelqu’un m’a menacé de me casser la mâchoire parce que je lui demandais de payer un supplément de 4 euros » confie Stéphane, un des nombreux contrôleurs exaspérés. De son côté, la direction minimise la situation : « Il ne faut pas tout confondre, un outrage et une agression ce n’est pas la même chose » dit un porte-parole qui n’a pas de statistique sur le sujet.
De nombreuses perturbations, sans précision
Les perturbations devraient continuer ce matin, avec des répercussions probables dans les TER mais peu d’impact sur les TGV selon la direction de la SNCF. La liste des trains supprimés ou retardés n’a cessé de s’allonger sur les panneaux des gares lyonnaises, au cours de la journée d’hier. A 17 heures, la quasi-totalité des TER au départ de Perrache était annulée. « L’agression d’un contrôleur risque de perturber fortement la circulation des trains au départ de Lyon » indiquait un message sur le panneau lumineux. Il était toutefois impossible de connaître l’ampleur exacte des perturbations. « On met tout en œuvre pour trouver le maximum de solutions » a déclaré la direction régionale de la SNCF. Des services de cars ont été mis en place pour remplacer les TER. Certains trains ont fait des arrêts supplémentaires pour combler l’absence d’autres convois. Aucun chiffre n’a été fourni. Le site Internet de la SNCF n’apportait pas de précision. Une évaluation officieuse a fait état de trois trains supprimés sur quatre à Perrache, moins à la Part-Dieu. Un flou qui a provoqué des mécontentements chez les usagers, notamment dans les deux grandes gares lyonnaises. « Il n’y a pas de conducteur non plus ? je ne comprends pas pourquoi l’absence d’un contrôleur empêche le train de rouler » s’agaçait un voyageur qui souhaitait rejoindre Vienne depuis Perrache.http://www.leprogres.fr/rhone/2011/05/23/les-controleurs-sncf-cessent-le-travail-apres-une-agression-dans-un-train-de-nuit
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