Pour une futile histoire d’écharpe lors d’une fête improvisée et très alcoolisée sur le bord de mer à Cannes, Mehrez Rezgui avait été frappé en juin 2009 à coups de pied, de poing et même de tuiles. Ce Tunisien de 28 ans était décédé une semaine plus tard à l’hôpital de Grasse d’un grave traumatisme crânien. Mais devant la cour d’assises des A.-M., les cinq présumés agresseurs, de même origine que la victime, relativisent la violence du passage à tabac. Mohamed Dridi avoue « deux à trois claques » puis jure s’être employé à calmer les copains. Il aurait même appelé les secours si « la batterie de son téléphone ne l’avait pas lâché ».
Un meneur inspirant la crainte ?
Salem Milad confesse « quelques coups de poing, pas méchants ou alors vite fait ». Il évoque un « accident », ce qui fait bondir la présidente Anne Segond. « Vous avez poursuivi à cinq et frappé un homme à trois endroits différents, vous vous êtes acharnés sur lui et vous parlez d’accident... C’est très inquiétant ».
Zied Fredj reconnaît « des coups légers » et affirme ne plus se souvenir des quatre tuiles brisées près d’une propriété d’Auribeau-sur-Siagne sur la tête de Mehrez Rezgui. Tous trois tentent de dédouaner Foued Ben Ayech, s’exprimant avec autorité et souvent présenté comme un meneur. Ces rétractations concordantes sont-elles dictées par des menaces ou des pressions, s’interroge alors l’avocate générale Gwenaelle Ledoigt ? «En aucun cas », se rengorgent les intéressés.
Fondé ou non, le climat de peur est palpable lorsque déposent à la barre deux amies des accusés, âgées à l’époque de 17 ans et qui ont assisté aux violences. Particulièrement fuyante dans ses déclarations, Marine explique avoir « perdu la mémoire ». Au bord des larmes, elle jure que ce n’est pas par crainte de représailles qu’elle n’a jamais alerté la police ou ses parents. Cette abstention lui vaudra, en compagnie de Marie, de répondre devant le tribunal pour enfants de « non- dénonciation de crime ».
Verdict ce soir tard
Marie se montre un peu plus prolixe, même si elle évite de tourner les yeux vers le box des détenus. « Effectivement, concède-t-elle, Zied Fredj qu’elle fréquenta brièvement, s’énerve vite sous l’effet de l’alcool ». Et elle ne serait pas venue à la fête si elle « avait su que Foued Ben Ayech s’y trouvait ».
Le verdict est attendu ce soir tard, après une journée marathon englobant le réquisitoire de l’avocat général et les plaidoiries de la défense. Aucune partie civile n’est représentée au procés. La victime étant clandestine en France, ses proches, résidant en Tunisie, n’avaient pas droit à l’aide juridictionnelle (accordée aux justiciables les plus démunis). Quant à l’avocat secondant la famille Rezgui, il travaillait sans être payé depuis l’instruction et il a fini par jeter le gant.
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