dimanche 5 juin 2011

Une montagne de déchets en feu aux portes de Paris

Tout a commencé il y a dix ans par un monticule de gravats à Limeil. Aujourd’hui, la décharge à ciel ouvert culmine à 25 m de haut et pollue le quotidien des habitants de Limeil-Brévannes (Val-de-Marne). Pour couronner le tout, elle est en feu depuis plus d’un mois, comme un volcan qui n’en finit plus de cracher sa fumée pestilentielle. La société qui l’exploite a été placée en liquidation. Le patron de celle-ci, lui, est convoqué au tribunal le 28 juin.
Des bouts de tuyaux, des morceaux de tôle, des gravats, du plastique, de la ferraille… Rien d’anormal dans un centre de tri de déchets industriels. Mais quand le tas dépasse 25 m de haut et avoisine les 250000 t, riverains et élus n’hésitent plus à parler de « scandale ». Limeil-Brévannes, petite commune aux portes de Paris, dans le Val-de-Marne, est confrontée depuis des années à une montagne de déchets, située à deux pas d’un futur quartier écolo. Depuis le 1er mai, le tas prend feu régulièrement à cause du méthane qui s’échappe des déchets. Une hantise pour les pompiers du secteur qui se relaient sur place tous les jours et misent sur les orages, aujourd’hui, pour venir à bout du sinistre. Jeudi, ils étaient 70 à lutter neuf heures durant contre un nouveau départ de feu qui a recouvert Limeil et Valenton d’un épais nuage de fumée. Sur le plan juridique, la procédure s’accélère. Fin avril, la société exploitante, LGD Développement, a été placée en liquidation judiciaire. Le préfet, Pierre Dartout, a mis au point un plan d’urgence : dès la semaine prochaine, le site doit être surveillé 24 heures sur 24, avec un arrosage permanent. Comment en est-on arrivé là? Tout commence en l’an 2002, quand, après deux ans d’activité à Valenton, LGD se déplace de quelques mètres pour installer son business, illégal, à Limeil.

Pendant plusieurs années, le centre de tri fonctionne à plein régime malgré les avertissements de la mairie, l’opposition des riverains… mais avec le blanc-seing de la préfecture. L’Etat ne commencera à sévir qu’en 2009, quand la montagne se mettra à dépasser les 10 m autorisés jusque-là. Les maires, tant de Valenton que de Limeil, s’étonnent aujourd’hui de la « mansuétude » des services de la préfecture pendant des années. L’actuel préfet, Pierre Dartout, vient toutefois d’ordonner la consignation par le Trésor des 9 M€ nécessaires à l’évacuation des déchets.

Les riverains sont à bout

En attendant une issue à ce vilain feuilleton écologique, le cauchemar des riverains continue. « C’est bien simple, notre vie est rythmée par cette montagne de déchets, résume Liliane.

On se lève en se demandant si on va pouvoir sortir notre linge dehors, et même si on va pouvoir sortir tout court. En cas d’incendie, si le vent est dans notre sens, je me calfeutre chez moi. Toutes les entrées de ma maison sont obturées avec de la mousse et du sparadrap. Et si je dois vraiment sortir, je mets un masque. » Dans le quartier des Musiciens, qui jouxte la montagne de déchets, nombreux sont les habitants qui se plaignent de maux de tête, de brûlures dans la gorge ou de piqûres au niveau des yeux.

Des personnes asthmatiques ont même été contraintes de quitter le quartier provisoirement. « Outre les odeurs pestilentielles et les fumées de ces incendies à répétition, le problème est que nous ne savons pas ce que nous respirons. Nous sommes très inquiets pour notre santé », s’énerve Jean-Claude Peter, président de l’Association de défense des riverains et de l’environnement de la rue Gary (Adrerg). Il a d’ailleurs fait circuler une pétition qui a recueilli près de 3 000 signatures pour le départ du « volcan », comme certains ici appellent la décharge

http://www.leparisien.fr/val-de-marne-94/une-montagne-de-dechets-en-feu-aux-portes-de-paris-05-06-2011-1480991.php

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