« J’attaque les vieilles personnes parce qu’elles n’ont pas beaucoup de force. » Cet aveu d’une confondante naïveté résume la confusion mentale. Hier au tribunal de Bourg, le prévenu est resté hébété dans son box, durant tout l’après-midi de comparutions immédiates. « Comment expliquez-vous vos actes ? », demande la présidente. Réponse laconique : « Je n’ai pas d’argent, j’avais faim. »
Vendredi dernier, il tente d’arracher le sac à main d’une octogénaire à la sortie d’une boulangerie d’Oyonnax. Mais la dame de 82 ans a plus de forces que prévu. Elle résiste, se bat avec son agresseur et le mord à la main gauche ! Il s’enfuit. Un peu plus tard au commissariat, elle le reconnaît sans hésitation sur une planche photos. Il avoue une seconde, et vaine, tentative de vol dans des circonstances similaires. L’autre « vieille personne » qui l’a mis en échec, sans morsure cette fois, n’a pas porté plainte.
Un pauvre bougre. Tel est le portrait ébauché devant le tribunal de ce Burgien de 36 ans. Qualifié de « peu actif », il végète dans un foyer d’accueil d’Oyonnax. Il vit du RSA : 450 euros mensuels (moins le loyer d’une cinquantaine d’euros) qui lui brûlent les poches. Malgré sa précarité et ses troubles de mémoire, non, il ne sait pas ce que c’est que la curatelle. Alors il vole, comme l’indique son casier noirci par trois condamnations.
« Peu crédible et aggravant », selon la substitut du procureur. « Il attaque des personnes âgées soi-disant pour manger, parce qu’il n’a pas d’argent ? Mais il est logé et nourri dans le foyer, il touche le RSA… » Et de réclamer l’application de la peine plancher de trois ans d’emprisonnement, en raison de l’état de récidive, dont dix-huit mois de sursis avec mise à l’épreuve.
« Il est difficile de défendre les pauvres gens », constate M e Vicari, agacé par le réquisitoire qui traduit selon lui « une méconnaissance du dossier et de la personnalité du prévenu. Comme si, lorsqu’on est pauvre et malade, on le faisait volontairement. C’est lui qui paye sa nourriture. Quand on dit que c’est le foyer, ça m’énerve ! »
Au nom de la personnalisation des peines, l’avocat a demandé au juge de tenir compte de la fragilité de son client. Ce qu’a fait le tribunal en écartant la peine plancher pour décider de deux ans de prison, dont un an de sursis avec mise à l’épreuve.
http://www.leprogres.fr/ain/2011/07/19/la-vieille-dame-mord-l-agresseur-qui-l-avait-attaquee-parce-qu-il-avait-faim
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