samedi 8 octobre 2011

Botulisme / Le combat d'un avocat axonais

Me Cyrille Bouchaillou est inquiet. L'état de santé de ses trois clientes reste préoccupant. Après cinq semaines en soins intensifs, elles ne sont toujours pas tirées d'affaire.

D'abord, comment vont les deux sœurs de 23 et 29 ans, et leur amie de 27 ans ?
Me Cyrille Bouchaillou : Elles sont toujours hospitalisées au CHU d'Amiens, leur état est stable. L'une des sœurs a eu l'ablation de la vésicule biliaire. Pour toutes, leur état psychologique est inquiétant. Elles vont retrouver leur autonomie très progressivement, dans les semaines qui viennent. Elles ont passé trois semaines en anesthésie générale et sous assistance respiratoire. On pensait qu'elles pourraient bientôt sortir mais, finalement, cela va encore prendre plusieurs semaines.
Où en est la plainte déposée par les familles picardes ?
Les deux familles picardes que je représente ont déposé plainte contre X auprès du parquet d'Amiens pour mise en danger délibéré de la vie d'autrui ainsi que tentative d'empoisonnement. La plainte a été transmise au parquet d'Avignon, en charge de l'enquête. À ma connaissance, c'est la première plainte et la seule. Les familles des cinq autres victimes, toujours hospitalisées sur Avignon, n'ont pas déposé de plainte. On avance tout doucement mais sûrement et surtout avec beaucoup de prudence. Les deux familles picardes veulent que toute la lumière soit faite dans cette histoire et surtout que tous les responsables soient identifiés. C'est la première fois en France que le botulisme apparaît directement dans le circuit de la consommation.
L'enquête en cours semble montrer une série de dysfonctionnements…
Selon les premiers éléments de l'enquête en cours, ces artisans ont vendu des produits alors qu'ils n'avaient pas l'agrément. Ce sont des chauffards de la consommation. Ils ont grillé tous les feux rouges. Au-delà des artisans, les pouvoirs publics et, notamment, les autorités sanitaires vont devoir s'expliquer, rendre des comptes.
Pourquoi cet entrepreneur qui avait pignon sur rue n'a fait l'objet d'aucun contrôle en une décennie ? Les autorités sanitaires n'ont pas joué leur rôle. La DGCCRF (Direction de la consommation, et de la répression des fraudes) a été saisie et mène aussi une enquête.
Un certain nombre d'infractions a été relevé. L'alerte sur les lots contaminés fabriqués par l'entreprise La Ruche à Cavaillon, au niveau national, dont la préfecture de l'Aisne s'était fait l'écho et même au niveau européen, a permis d'empêcher de faire d'autres victimes. Des pots ont été retrouvés en Allemagne. Aujourd'hui, les huit personnes victimes d'une grave intoxication alimentaire sont loin d'être remises. L'activité artisanale a été évidemment suspendue. Il y a visiblement des ramifications, la brigade de recherches de Marseille enquête également.
Comment réagissent les trois Picardes face à tout cela ?
Je n'ai pas encore pu parler à mes clientes. Elles sont encore très faibles mais je me suis rendu au CHU d'Amiens. Elles communiquent difficilement et en écrivant sur des ardoises. L'une d'elle a inscrit : « Je ne veux pas mourir. » Après avoir passé la soirée ensemble à manger la tapenade polluée par la toxine botulique, lorsque les premiers symptômes sont apparus, elles se sont vraiment senties partir.
C'est très difficilement pour elles, elles sont assistées de psychologues. Il faudra encore attendre six mois, voire un an pour que l'on sache si elles risquent des séquelles physiques, sans parler d'éventuelles séquelles psychologiques.

http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/botulisme-le-combat-dun-avocat-axonais

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