Au fil des témoignages, durant les deux jours de la session d’assises, Suljo Dzanko est apparu comme « le gendre idéal », « serviable et aux petits soins pour sa belle-mère ».
Un accusé déconcertant, à la mine joviale, qui n’a jamais fait parler de lui. Un « Monsieur-tout-le-monde », comme le décrit son avocate, M e Valérie Chassard.
En 1972, l’accusé a quitté sa Yougoslavie natale pour venir en France. Trois ans plus tard, il épouse Michèle. Et aide ses beaux-parents dans l’entretien de leur restaurant et camping à Champagney.
« J’ai soigné Marie-Thérèse Meschberger pendant vingt ans », explique cette femme. « Depuis trois ans que son état s’était dégradé, elle me répétait régulièrement : ‘‘Ce n’est pas humain, on doit nous aider à partir.’’ Elle était très active et ne supportait plus d’être ainsi diminuée. »
Ce procès d’assises s’est déroulé avec en toile de fond la dépendance et la difficile prise en charge des parents vieillissants. Le thème du « suicide assisté » a été évoqué en filigrane.
Hier matin, l’expert psychiatre a brossé un portrait contradictoire du meurtrier. « Il aimait véritablement sa belle-mère et ne la considérait en aucun cas comme un fardeau. Il répète l’avoir tuée ‘’à sa demande’’ mais a fait preuve d’une froideur affective et d’un détachement après le meurtre. »
« Il ne présente pas de troubles psychiatriques et a agi de façon impulsive, sans mobile clair sinon celui de ‘’rendre service’’.»
Après avoir réalisé son geste, Suljo a bu « pour oublier ». Il avait 1,92 g/l d’alcool dans le sang, le soir du meurtre.
L’avocat général, Alexandre Chevrier, ne parle pas d’« homicide altruiste » mais bien d’un « meurtre aggravé sur personne vulnérable », rappelant que la « scène a été très courte mais d’une extrême violence ».
« L’accusé est unanimement décrit comme le gendre idéal et parle d’un acte d’amour. Cet argument ne colle pas avec l’agonie atroce de l’octogénaire, qui n’était ni grabataire, ni mourante. Il ne s’agit pas d’euthanasie. »
« Sa petite-fille a expliqué que, si elle avait vraiment voulu mourir, elle aurait organisé son départ et dit au revoir avant. Ce qui est certain, c’est qu’elle n’a pas choisi de partir comme ça. »
« Vous avez agi par colère, la dégradation de son état de santé ayant engendré un ressentiment. Vous avez donné la mort de vos propres mains, de sang froid. »
L’avocat général estime que le meurtre était « réfléchi et maîtrisé » et requiert 12 ans de réclusion criminelle.
M e Valérie Chassard, l’avocate de la défense, a sensibilisé les jurés à ces « situations du quotidien : la vieillesse, la perte de dignité humaine qui devient insupportable ».
« Mon client a été naïf. Il s’est montré violent car il ne pouvait pas en être autrement. Quand on aime, l’acte doit être rapide, sinon on perd le courage. Il n’est pas indifférent mais incapable de regarder en face ce qu’il a fait. »
Après trois heures de délibéré, la cour, présidée par François Artier, a condamné le gendre à 8 ans de prison ferme.
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2011/10/21/huit-ans-pour-le-gendre-ideal
1 commentaire:
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