LES viols concernent tous les milieux, tous les profils. Depuis hier, un père de famille, âgé de 61 ans, est jugé par la cour d'assises pour ces faits. Son allure est celle d'un professeur respectable avec son costume sombre, ses fines lunettes studieuses, son maintien réservé. Ce technicien retraité n'est pas un habitué des tribunaux. La probabilité est grande que sa comparution devant la cour d'assises soit sa seule expérience de la justice. Il n'a d'ailleurs jamais été emprisonné.
Originaire de Reims, il est accusé de viols par sa fille. Ils auraient été commis dans une commune du canton de Neufchâtel-sur-Aisne, à partir des années quatre-vingt-dix et auraient duré près de huit ans.
Ce qui est remarquable dans cette affaire, c'est son cheminement pour accepter sa culpabilité et l'assortir de soins et de regrets sincères. Face à une telle attitude, les critiques peuvent évidemment fuser : la tentation d'y voir une posture pour éviter une peine d'emprisonnement se heurte à la force de son repentir. Une attitude loin d'être aisée dans une affaire de mœurs.
Le choix d'une mère
Un meurtre peut s'expliquer par un coup de folie passager, mais que dire d'agissements répétés, sournois trompant la confiance, piétinant l'innocence de l'un de ses enfants ?
Lui, il semble prêt à les assumer, à les expliquer, à les regretter en facilitant ainsi l'accès au statut de victime de sa fille. Elle se tient face à lui. Il est seulement accompagné de son avocat, Me Damien Delavenne.
Le choix de la maman et de l'épouse aux cheveux blancs de se placer dans la salle est déterminant. Elle se trouve sur le banc de la partie civile dont la cause est portée par Me Mireille Des Rivières Pigeon.
Les débats se tiennent à huis clos et le verdict est attendu dans l'après-midi de lundi. Un des moments majeurs sera l'intervention de l'avocat général Ludovic Manteufel représentant la société. Si une condamnation est prononcée, doit-elle être assortie d'une peine de prison à assumer réellement ?
Quel est le prix du pardon face à un crime passible de vingt ans de réclusion criminelle ?
Malgré la précision des articles de loi, leurs interprétations laissent la porte ouverte à des tas de cas de figure. Un homme ne ressemble jamais tout à fait à un autre.http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/viols-les-aveux-dun-pere
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