La grue chancelante fait évacuer un quartier

«J’habite au rez-de-chaussée, des policiers ont frappé plusieurs fois à mon carreau et m’ont dit sortir le plus vite possible. » Cette jeune femme, qui habite rue de la Fontaine à Villiers-sur-Marne, s’exécute et découvre la place Saint-Christophe investie de véhicules de pompiers et de police. Les rues avoisinantes sont interdites d’accès

En cause, un risque d’effondrement à 100 m de là, « au même endroit que le dernier incident », indiquent les élus présents. L’origine du sinistre se situe sur un chantier de construction, boulevard de Strasbourg. Les fortes pluies de l’après-midi auraient fait lâcher un buton (NDLR : structure en béton armé dans les fondations d’un bâtiment). Cela a entraîné une fissure dans les fondations d’une maison, qui s’est affaissée, maison qui, elle-même, voisine une grue de 28 m de haut. « Si la maison s’effondre, elle le fait sur la grue. Et si la grue tombe, on ne sait pas de quel côté », insiste-t-on à la mairie.

Un périmètre de sécurité est rapidement mis en place vers 18h15. Services de l’Etat, pompiers et policiers décident d’évacuer une crèche, un foyer-logement et de nombreuses habitations. Au total, quelque 150 personnes sont regroupées dans la salle des fêtes Georges-Brassens, à proximité de la mairie, avec peu de certitudes sur l’heure à laquelle ils pourront regagner leurs logements.

« Je préparais le dîner et j’ai entendu un haut-parleur, on me disait de partir le plus tôt possible », raconte Raafa, qui a pris place dans une salle avec ses deux garçons de 3 ans et 11 mois. « J’ai pris les enfants et suis partie. Sans affaire. Je suis passée au supermarché acheter un biberon, des compotes, des lingettes… Le minimum. »

Dans une autre salle, une cinquantaine de personnes âgées attendent sagement sur leurs chaises. Une s’inquiète du manque de nourriture. « On va vous donner une petite collation et un repas vous sera servi dans une heure », lui répond-on. Une autre suggère que l’on trouve des jeux de cartes. « Pour s’occuper. » Lucette, 72 ans, n’a pas eu peur. Elle espère juste pouvoir regagner rapidement sa chambre.

« Le bâtiment qui menace la grue va être abattu »

Du côté des forces publiques, on étudie les possibilités pour éviter tout danger. Finalement, Jacques-Alain Bénisti, le député-maire (UMP) de Villiers, prend la parole. « La consolidation va certainement durer toute la nuit. Le bâtiment qui menace la grue va être abattu. » Et où vont dormir ces sans-abri d’une nuit? « Soit chez des proches, soit sur des lits ici, soit dans une des chambres d’hôtel que l’on est en train de réquisitionner. »

Vers 21 heures, les personnes âgées du foyer-logement peuvent regagner leurs chambres, sans être suivies par les habitants des environs, qui devront se contenter d’un lit de fortune pour la nuit.
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