Une coiffeuse de Reims n'en peut plus. Son salon est voisin d'un local à poubelles où l'on fait grande consommation de cannabis. Toute la journée, elle respire les odeurs, au point d'en devenir malade.
«JE tiens un salon de coiffure, pas une fumerie de haschich ! J'en respire pourtant tous les jours. C'est intenable ! J'ai beau me plaindre, personne ne fait rien. C'est inadmissible de me laisser travailler dans ces conditions ! »
Christiane n'en peut plus. Installée depuis 1989 au bas de la place Auguste-Rodin, la coiffeuse du centre commercial Croix-du-Sud, dans le quartier Croix-Rouge à Reims, en a marre de se ruiner la santé. Pour elle, travailler est devenu synonyme d'intoxication chronique aux effluves de cannabis. Son salon est voisin d'un local à poubelles où des consommateurs se réunissent au chaud, à l'abri des regards, pour « tirer sur le bédo ».
« Ici, c'est une ancienne cave. Le mur qui sépare mon salon du local poubelles est poreux. Quand il y a le feu derrière, la fumée arrive chez moi. C'est pareil pour les odeurs de cannabis. »
Le problème est apparu il y a plusieurs années, « mais c'était ponctuel ». « Là, depuis une paire de semaines, c'est devenu permanent. Tous les matins quand j'arrive, je suis obligée d'aérer et de mettre la clim mais ça subsiste quand même car c'est une odeur qui imprègne les vêtements, le linge. Le pire, c'est dans ma réserve. C'est là que ça sent le plus, une odeur de navet fermenté, de combustion humide. »
Hier matin, malgré la climatisation en marche, une légère odeur difficilement descriptible flottait toujours dans le salon. Coïncidence ou non, au bout d'une vingtaine de minutes, les visiteurs de Christiane se sont surpris à avoir mal à la tête ou ressentir des grattouillis dans la gorge.
« Mardi après-midi, un client qui patientait m'a dit : « Ça me fait tout drôle dans la tête ». Il a préféré repartir », indique la coiffeuse. « Moi, je suis obligée de rester toute la journée. Ça me rend malade, pourtant je ne suis pas une petite nature. J'ai des migraines, ça me pique les yeux, ça me brûle dans la gorge, ça m'irrite la peau et j'ai même les oreilles qui gonflent car je fais de l'allergie. Mardi soir, je suis rentrée chez moi avec les yeux tout rouges, larmoyants. J'avais la tête lourde, à la poser sur les genoux. Je ne pouvais pas fixer la télé. Je suis allée me coucher à 20 h 30. Ce matin en me réveillant, j'étais toujours dans la ouate et j'avais comme une angine dans la gorge. »
Certains jours bien brumeux, quand elle n'attend plus de clients, Christiane en arrive à fermer son salon avant l'heure. « Je me souviens d'un mercredi où je suis partie à 15 h 30 au lieu de 18 heures. Quand je pense que je paye 750 € de taxe foncière sur le bâti pour travailler dans ces conditions ! Ce qui m'estomaque le plus, c'est que rien ne bouge alors que j'ai appelé plusieurs fois l'Effort rémois, le commissariat, la police municipale. Tout le monde me répond que c'est à l'autre de s'en occuper. »
De quoi mettre en pétard une honnête commerçante, travailleuse, restée fidèle à ce quartier Croix-Rouge où elle a donné ses premiers coups de ciseaux en 1974. « Que certains se déglinguent la santé en fumant du cannabis, c'est leur problème, mais ce n'est pas à moi de supporter ça. »http://www.lunion.presse.fr/article/marne/un-salon-de-coiffure-shoote-au-cannabis
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