samedi 21 janvier 2012

Une conductrice de car scolaire agressée par la boulanger

Excédé par les coups de Klaxon du car scolaire, le boulanger d'Hautvillers avoue avoir pété les plombs. Il se défend pourtant d'avoir frappé la conductrice.

HIER matin, les écoliers résidant à Hautvillers ont eu la surprise de découvrir un autre chauffeur de car, à la place de leur conductrice habituelle. Cette dernière, en arrêt maladie, affirme avoir été frappée par le boulanger du village. Si celui-ci reconnaît des propos déplacés et des coups portés sur le car de ramassage scolaire, il nie formellement avoir molesté la conductrice.
Les faits remontent à mardi matin. Vers 7 h 30, le car de ramassage scolaire s'engage rue Henri-Martin, une petite voie à sens unique desservant notamment la boulangerie-pâtisserie de l'Abbaye, tenue depuis deux ans par un jeune couple.
Une fourgonnette de livraison stationne juste devant le commerce, gênant la circulation. « Il reste au livreur deux sacs de farine à me déposer. Il en avait encore pour 2 ou 3 minutes tout au plus », assure le boulanger incriminé.

« J'ai vu rouge »

La livraison semble pourtant se prolonger. Premier coup de Klaxon de la conductrice. « Ma femme est sortie pour lui demander d'arrêter, nous avons un petit de 18 mois qui était en train de dormir. »
Le boulanger assure que le phénomène est récurrent. Sauf que là, « c'est vrai, j'ai pété un câble », concède-t-il. Les coups de Klaxon se serraient succédé, déclenchant la fureur du boulanger. « Je me trouvais dans mon fournil à ce moment-là. Je suis sorti, le rouleau à pâtisserie encore dans les mains. »
L'homme a contourné le bus. Frédéric Hornick, collègue de la conductrice, précise alors. « Elle pensait qu'il voulait lui parler. Elle a ouvert la vitre et il lui a tapé dessus avec le rouleau. » Faux, rétorque le pâtissier. « J'ai tapé à deux reprises sur le bord du car, puis la conductrice s'est levée en hurlant avant de se réfugier au fond du bus. » La dame, âgée de 45 ans, après une visite à l'hôpital a subi une ITT de huit jours, « pour un froissement du muscle de l'avant-bras gauche », toujours selon son collègue. « Jamais je n'aurais touché une femme », s'insurge le boulanger qui « déplore que ces faits se soient passés en présence des enfants ». Il explique avoir simplement voulu lui faire peur. « La rue est bruyante. Imaginez des coups de Klaxon répétés, j'ai vu rouge… J'ai cru à une provocation de sa part… ».
Le major Calais, responsable de la brigade de Dizy assure : « A aucun moment, le service public n'a été visé. Pas plus que la volonté de faire mal n'est avérée ». Ce dernier confirme que le boulanger a immédiatement signalé l'incident à la gendarmerie.

Tous les conducteurs au dépôt

Frédéric Hornick, également délégué CGT, a été le premier prévenu. Il juge le procédé inacceptable. « Notre collègue, ainsi que l'ensemble du personnel de la société ont été particulièrement choqués par cette agression. » Jean-Louis Jaurand, le directeur de la société Champagne Mobilités, s'est d'ailleurs rendu sur place immédiatement après les faits. Jeudi matin, les membres de la commission Hygiène et sécurité au travail ont également fait le déplacement jusqu'à Hautvillers. Frédéric Hornick : « Ils ont pris des photos notamment pour essayer de comprendre le déroulement des événements ».
De son côté, Jean-Louis Jaurand assure ne pas comprendre la réaction démesurée du boulanger. « Embauchée en septembre 2011 pour effectuer le ramassage scolaire, cette conductrice assurait correctement son service. Les faits sont déplorables ! »
Pour le directeur, « Nos conducteurs sont tenus par des contraintes horaires dues à un circuit scolaire assez vaste. C'est sans aucun doute pour cette raison que des coups de Klaxon ont été donnés. » Selon le délégué CGT, les disques de conduite, obligatoires dans les transports en commun, laisseraient apparaître un temps d'arrêt de 12 minutes rue Henri-Martin. « Une chose est certaine, notre collègue a accepté de reprendre le travail à l'issue de son arrêt. Si cela n'avait pas été le cas, nous aurions fait valoir notre droit de retrait et tous les conducteurs de bus de la société seraient rentrés au dépôt. »
Dans cette affaire, la direction de Champagne Mobilités a décidé de se porter partie civile aux côtés de sa salariée.
Hier soir, le procureur de Reims ne s'était pas encore déterminé quant aux suites à donner à ce dossier. L'enquête et les auditions se poursuivent donc pour les gendarmes de Dizy afin de déterminer les circonstances exactes de cet incident.
http://www.lunion.presse.fr/article/marne/une-conductrice-de-car-scolaire-agressee-par-la-boulanger

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