La cour d’assises de l’Oise rendra, ce soir, son verdict à l’encontre de Philippe Duflos. Hier, l’accusé a encore accumulé les maladresses.
Au moins, on ne reprochera pas aux avocats de Philippe Duflos, Mes Makarewicz et Robin, d’avoir conditionné leur client.
Depuis deux jours, l’homme accusé du viol et du meurtre de Jennifer, le 13 octobre 208 à Creil, accumule les maladresses et les provocations.
Il dresse à chaque fois qu’il ouvre la bouche un florilège de ce qu’il ne faut pas dire en cour d’assises quand on encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Hier, il a remis ça. Me Thavard, pour la partie civile, l’interroge sur son état d’esprit. Vindicatif, il répond : « Oui, j’ai de la colère pour Jennifer. Parce qu’elle a engendré le mal dans ma famille ».
L’avocat s’étrangle : « Mais vous parlez d’une morte ! Vous l’avez tuée il y a trois ans ! » Il enchaîne, froidement : « Tout le monde savait qu’elle profitait du trafic de drogue de mon fils. Elle a beaucoup profité de nous… »
Le président Damulot croit utile de lui préciser : « Vous ne réalisez pas… On parle du meurtre d’une jeune fille et vous évoquez votre petit cœur qui saigne… »
Duflos n’en a cure : « Aujourd’hui, votre peine de prison, je m’en fous complètement. Il n’y a personne qui m’attend. La seule question, c’est pourquoi et comment ».
Comment, on sait : par strangulation. Duflos l’a longuement détaillé, comme il l’avait fait en reconstitution, au point de choquer des policiers aguerris par son absence d’émotion.
Pourquoi, c’est une tout autre histoire, que trancheront les jurés ce soir. La dernière version (il y en eut plusieurs pendant l’instruction) de Philippe Duflos, 50 ans, gardien du stade Salengro à Creil, c’est qu’il entretenait depuis cinq ans des relations sexuelles avec la petite amie de son fils Nicolas.
Ce soir-là, elle lui aurait prodigué une fellation avant qu’il ne découvre qu’elle tenait dans son sac à main une lettre de dénonciation du trafic de stupéfiants mené par son fils. Il l’aurait alors étranglée pour protéger Nicolas.
Version qui fait de lui à la fois un Don Juan et un père modèle, quand bien même Nicolas se suicide en mai 2009, incapable de digérer le drame ; quand bien même, aussi, tous les proches de Jennifer jugent « impossible » que cette jolie jeune fille fût tombée amoureuse d’un rondouillard sur le retour.
L’accusation, portée par Isabelle Verissimo, développe une thèse plus simple : Duflos en obsédé sexuel, qui viole Jennifer, puis la tue pour masquer son premier crime.
Au fait, hier, il a pleuré. Enfin. Pas pour Jennifer, ni pour Nicolas, mais pour Caramel, son petit chien dont une voisine lui a annoncé la mort. Incorrigible Duflos…
http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-regionale/La-colere-de-Duflos-contre-Jennifer
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