vendredi 30 mars 2012

Les trafiquants avaient la main verte

L’usine de cannabis devant le tribunal correctionnel de Nîmes.
Jardinier ? Organisateur ? Bricoleur ? Tête de réseau ? Le tribunal correctionnel de Nîmes a tenté de décortiquer le rôle de chacun de ces quatre hommes et une femme prévenus dans l’affaire de l’usine de cannabis, découverte en 2007.

Une fabrique à herbe qui pouvait produire (selon les estimations) jusqu’à six récoltes par an, avec 600 pieds à chaque fois et 180 000 € de bénéfice.
Hier, les débats n’ont pas tellement porté sur les récoltes mais sur les petites mains (vertes) de l’usine et les organisateurs présumés de cette incroyable industrie.
Deux personnalités ont principalement émergé du procès. Celle de Jacques Gervais, 41 ans, faisant figure de tête de pont en procédure, ce qu’il récusera fermement à l’audience. Et celle d’Angélique David, cette dame blonde de 53 ans à la voix douce et presque effacée qui, en garde à vue (dans une autre affaire de drogue), révélera aux enquêteurs l’existence de l’usine de cannabis. Pour autant, elle contestera être le cerveau de cette affaire, tout au plus un "prête-nom" pour louer le mas dans lequel les plants de cannabis étaient cultivés. "J’apportais des sandwiches quand ils faisaient les travaux", glisse-t-elle face au président Bruno Lavielle.
Une industrie pour le parquet
Pour le parquet, ce dossier relève d’une véritable industrie qui mérite pour les jardiniers des peines comprises entre douze mois avec sursis et vingt-quatre mois ferme. Contre Angélique David, l’accusation requiert deux ans, dont un avec sursis.
Son avocat, Me Luc Abratkiewicz, reconnaît que sa cliente n’a pas forcément le beau rôle dans le dossier en ayant balancé l’usine à drogue. "Mi-ange, mi-démon, le juge d’instruction de l’époque disait d’elle qu’elle n’avait d’angélique que le nom. À son âge (NDLR à l’époque des faits), elle est entrée dans la délinquance quand certaines entrent dans les ordres." L’avocat demande au tribunal de tenir compte de ce statut de repentie pour lui appliquer une mesure de bienveillance, voire de la blanchir totalement.
Une demande qui a fait bondir Me Cyril Malgras (*), le conseil de Jacques Gervais contre qui il était réclamé cinq ans et un mandat de dépôt. S’adressant d’abord à la dame qu’il accuse d’être "un aviseur" des douanes - "Vous avez négocié votre impunité" -, il demande aux juges d’être cléments à l’égard de son client. Pour lui, ce n’est pas le cerveau mais un simple "régisseur". Jugement en délibéré au 26 avril.
http://www.midilibre.fr/2012/03/29/les-trafiquants-avaient-la-main-verte,478522.php

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