La prévenue, Alexandra G., 34 ans, nie toute volonté de nuire : « Les clubs d'investisseurs de la région m'avaient dit que c'était une idée avec d'énormes potentiels, j'ai été vivement encouragée, on m'a dit que mon poste de directrice générale aurait dû être rétribué 90 000 euros par an, que ma société valait un million d'euros ! Enfin, je ne sais plus exactement mais beaucoup. » Ceci dit, dès sa création en 2006, l'expert-comptable explique à la « directrice générale » (en fait, elle n'a qu'un ou deux salariés sous ses ordres) que « Listes et plaisirs » ne génère que très peu de profits par rapport à d'énormes charges. Alexandra G., sur la défensive, lance ses grands mots ronflants à la tête du président : « Construire une stratégie ensemble, ne pas avoir peur de prendre des risques, ne pas redouter de perdre de l'argent pendant cinq ans, salons du mariage, développement sur Internet, occuper le créneau. » Bref, beaucoup de bluff pour une réalité prosaïque : les couples qui allaient se marier devaient déposer l'argent de leurs amis et de leurs parents sur une liste de mariage et Alexandra G., en s'adressant directement aux commerçants, tablait sur des réductions pour ses clients et des commissions pour elle. On a compris la suite du scénario : quand la société a commencé à prendre l'eau, la gestionnaire « sortie d'une grande école de commerce » a largement puisé dans l'argent des candidats au mariage. Fin 2009, quand la prévenue jette l'éponge et part sous des cieux plus cléments en Espagne, on répertorie 137 couples victimes et 356 276 euros à rembourser aux grugés ! « Je regrette », soupire la dame tandis que les victimes, présentes massivement dans la salle, rient jaune.
Nombreuses victimes
Me Emmanuel Masson et Me Alexandre Demeyère, entre autres, interviennent pour certaines victimes. D'autres s'expriment directement. Une femme en pleurs : « C'est difficile de commencer une vie de couple avec 7 969 euros qui manquent. » Une autre : « On me doit 11 767 euros parce que nous avions déposé également le montant de notre voyage de noces. » Un homme : « Nous n'osions même pas dire à nos familles et amis qu'il ne restait plus rien de leur argent. » Une dame : « Je ne réclame rien puisqu'elle ne remboursera rien. » Alexandra G., assistée de Me Éric Debeurme, ne cille pas.
Le procureur Frédéric Nahon ne mâche pas ses mots et réclame carrément trois ans an de prison dont deux de sursis avec mise à l'épreuve. Me Éric Debeurme minimise la responsabilité de sa cliente. Jugement dans quelques semaines
http://www.nordeclair.fr/Actualite/Justice/2012/05/25/escroqueries-aux-listes-de-mariage.shtml
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