Un véritable guet-apens pour leur voler leurs étendards. Onze supporters de l'équipe de foot du PSG ont prémédité une attaque en règle contre cinq supporters de l'OL, en pleine nuit, sur l'A26. Cinq ans après, ils comparaissent pour violences aggravées, dégradations et vols.
ILS ont signé leur crime pourrait-on dire, en posant avec les drapeaux et banderoles volés. Une photo postée sur un forum de supporters, par l'un d'eux, quelques heures seulement après l'agression. C'est cette photo qui permet en partie aux gendarmes de remonter jusqu'à eux (lire par ailleurs).
Ils sont onze Parisiens d'une trentaine d'années, anciens membres des Tigris mystics 93. Association de supporters du PSG de la tribune d'Auteuil dissoute en 2006 à la suite d'un gros différent avec une autre association de supporters parisiens, les « Boulogne Boys ».
Ces ex-Tigris disent ne pas vraiment se connaître. Pourtant, ils ont décidé de participer ensemble à une expédition punitive. « Il y avait eu trop d'insultes racistes des « Bads Boys » de l'OL envers un ancien membre, décédé. On n'aime pas les nazis. On voulait leur voler leurs drapeaux. C'est tout », confie l'un.
L'humiliation comme vengeance
Ils font la route jusqu'à Lille, en ce 16 février 2007, à bord de trois voitures. Leur plan semble mûrement réfléchi. Nono, le web master des Tigris mystics 93, qui a infiltré le forum des supporters lyonnais a appris ainsi que lors du match Lille/Lyon, il n'y aura que quinze supporters lyonnais qui feront le déplacement.
Animés par un esprit de vengeance, trois des onze Parisiens s'infiltrent dans la tribune des Lyonnais. Les yeux rivés sur les gradins et non sur la pelouse, ils prennent un soin particulier à choisir leurs proies. « Des néonazis. Ils ont fait le salut hitlérien et repris en chœur des chants racistes. »
Rétropédalage à la barre
Les autres membres du groupe, répartis en deux voitures, attendent en périphérie de Villeneuve-d'Ascq la fin de la rencontre pour prendre en filature leur proie.
Les anciens Tigris pistent la Citroën Xantia des cinq supporters Lyonnais jusqu'à l'aire de repos de Mont-Nizy, sur l'A 26 entre Laon et Reims. Il est 1 heure du matin.
Lorsque les Lyonnais ressortent de la station-service après avoir bu un café, ils trouvent une dizaine de personnes « encagoulées, encapuchonnées près de leur voiture aux vitres brisées avec des bâtons et des couteaux », explique la présidente du tribunal Martine Brancourt. Les Lyonnais prennent peur. « Ils se font courser, essuient des jets de projectiles divers. Des fusées de détresse sont tirées dans leur direction. Ils se cachent dans des buissons. »
Les Parisiens ont brisé les vitres de la voiture, crevé les pneus, dérobé appareils photos numérique, drapeaux, banderoles et tenus vestimentaires avant de poser fièrement sur une autre aire de repos avec leurs trophées et notamment « La banderole de vos adversaires à l'envers, signe d'humiliation suprême », ajoute la juge Martine Brancourt. Ils se sont pris en photo. C'est ce cliché qui se retrouve sur le Net.
Si, en 2007, les déclarations des uns et des autres permettaient de se faire une idée assez précise des agissements de chacun, hier, devant les juges du tribunal correctionnel de Laon, les six sur onze prévenus qui ont fait le déplacement avaient des souvenirs très confus de cette soirée-là.
Si tous admettent leur présence, personne ne reconnaît vraiment avoir participé aux violences, vols et dégradations. Mais alors pourquoi avoir posé pour la photo, si ce n'était pour revendiquer leurs actes, leur demande visiblement excédée l'une des juges. Réponses désarmantes : « Je pensais que c'était une photo souvenir de notre voyage. » Un autre : « Je savais pas comment leur dire non. » Le procureur a évoqué une « responsabilité collective » avant de requérir des peines allant de 4 mois de prison avec sursis à 6 mois ferme. Le jugement devait être rendu tard dans la soirée.
http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/le-commando-de-supporters-est-devenu-amnesique
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