vendredi 25 mai 2012

Les pieds nickelés du braquage condamnés à cinq et six ans ferme

Après trois jours de procès, des versions variables au gré des humeurs et un ultime rebondissement hier matin, les deux braqueurs du Lidl de Montmirail ont écopé de cinq et six années de prison ferme. Leur complice, qui disait avoir agi sous la contrainte, a pris deux ans avec sursis.

DES amateurs. Des pieds nickelés… L'un voulait épurer ses dettes, l'autre voulait reconquérir sa petite amie. Dépassés par le rêve d'une vie meilleure, ils ont dérapé, allant au-devant de leur propre perte. Ils ne pouvaient que se faire serrer.
Alexis Pernet, 25 ans, sans emploi en raison de problèmes de santé, au casier judiciaire vierge, s'est improvisé braqueur pour rembourser ses dettes… Environ 25 000 €. Il n'a pas pris la mesure de ses actes. Dans une situation particulièrement précaire - tout comme son complice, il vivait dans un mobilhome - il voyait dans ce braquage l'occasion de « se faire de l'argent facile ».
Laurent Allemann, 26 ans, voulait simplement reconquérir sa petite amie Meggie, qui l'avait quitté le mois précédent le braquage. Avec l'argent, il voulait s'envoler avec elle pour l'île Maurice. Pour lui, « c'était un coup facile ». Il connaissait le code du coffre, il connaissait les lieux.
Un braquage « facile » qu'ils pensaient avoir « méticuleusement préparé » - tous les trois ensemble - un mois auparavant. Pour autant, ce 20 février 2010, Alexis et Laurent vont s'en retourner bredouilles… au volant de leur voiture orange. Le coffre ne pouvait s'ouvrir après 20 heures. Trois jours plus tard, ceux que l'expert psychologue a qualifiés de « pieds nickelés » ont repris le chemin du Lidl… toujours au volant de leur voiture orange. Ils ont déambulé pendant plus d'une heure dans le magasin, comme de simples clients, avant de se cagouler et de s'armer de pistolets factices (voir nos précédentes éditions).
Ce désir d'argent facile va les conduire à commettre l'irréparable… À braquer quatre caissières : deux le 20 février, deux autres les 23 février, et, pour Laurent, à garder l'une d'entre elles, enceinte de deux mois, en otage pendant une vingtaine de minutes. Armes factices ou pas, les faits sont là… Même s'ils ne voulaient « pas faire de mal », même s'ils savaient que « tout se passerait bien ».

Des peines à la hauteur des faits

Pendant trois jours, parents, amis, experts (psychologue et psychiatre) sont venus témoigner de la personnalité des deux braqueurs et de leur complice Meggie, la compagne de Laurent Allemann pendant sept ans, lâchée au dernier jour du procès par celui-ci (lire l'encadré). Tous ont évoqué des jeunes gens fragiles, immatures, en rupture avec la réalité, aux parcours personnels chaotiques.
Comment ont-ils pu en arriver là ? La question a été longuement débattue. Le poids de la précarité a fait son œuvre. Ils n'ont pas réfléchi… La réalité les a tous rattrapés hier en fin d'après-midi. Après 2 h 30 de délibéré, Laurent Allemann a été condamné à six ans de prison ferme et Alexis Pernet à cinq ans ferme.
Ses pleurs n'y ont rien fait. Meggie a été déclarée coupable de « complicité » et condamnée à deux ans de prison avec sursis et mise à l'épreuve pendant dix-huit mois.
« Le projet, ils l'ont eu à plusieurs. Ils l'ont préparé, ils l'ont mûri. Ils ont acheté les cagoules, les armes factices. Ils ont repéré les lieux, ont obtenu le code et les plans… Ils ont tenté une première fois et ils ont réitéré… Ce n'est pas un acte désespéré, ce n'est pas un coup de folie… Ils ont réduit une femme à néant… » L'avocat général, qui n'avait pas mâché ses mots à leur égard, dénonçant « des gestes d'une extrême violence », avait requis une « peine à la hauteur des faits » : sept ans de prison ferme à l'encontre de Laurent Allemann, six ans pour Alexis Pernet et deux ans dont dix-huit mois avec sursis pour Meggie. Pour l'avocat général, « elle ne pouvait à aucun moment ignorer ce qu'elle faisait, elle avait d'autres choix… ».
Tous trois encouraient vingt ans de réclusion criminelle. Leur personnalité, leur passé, leur amateurisme et leurs excuses réitérées à maintes reprises à la barre ont finalement joué en leur faveur.


http://www.lunion.presse.fr/article/marne/les-pieds-nickeles-du-braquage-condamnes-a-cinq-et-six-ans-ferme

Aucun commentaire: