vendredi 1 juin 2012

L’employé volait des bouteilles dans l’entrepôt: 68 000 euros de préjudice

«De la belle ouvrage ». Le juge est admiratif lorsqu’il résume les faits pour lesquels dix personnes étaient jugées, hier après-midi, devant le tribunal correctionnel de Saint-Etienne. Le compliment s’adresse surtout à celui qui semble être la « plaque tournante » de l’affaire : un employé d’Easydis, la plateforme logistique de Casino, qui a réussi à sortir des centaines (des milliers ?) de bouteilles d’alcool des entrepôts en toute discrétion. Car il a fallu des mois de surveillances à l’entreprise, puis aux gendarmes, pour comprendre d’où provenaient les vols, qui se sont produits entre 2007 et septembre 2009.
Il faut dire que l’employé occupait un poste stratégique : il remplissait les chariots de marchandise destinés à être livrés dans les supermarchés. Il rajoutait donc des cartons de bouteilles avant que ces chariots ne soient enrobés de films plastiques. Les cartons atterrissaient dans les bras de deux gérants de supermarché qui étaient de mèche avec lui, l’un basé à Saint-Etienne, l’autre à Rive-de-Gier (1). Et ces gérants écoulaient la marchandise à moindre coût auprès de la famille et de connaissances.
L’organisation s’apparentait donc à celle d’un trafic de stupéfiants : une tête de réseau, des revendeurs et des consommateurs. C’est ce qui explique le nombre important de personnes jugées hier. Même si l’on a compris que certaines avaient sûrement échappé aux mailles du filet.
La plupart des acheteurs n’ont pas un profil de délinquant et reconnaissent les faits avec une sincérité désarmante : « J’ai pris le risque car ça me coûtait pas cher » résume l’un. « Je pouvais boire deux bouteilles pour le prix d’une »… Le principal intéressé, lui, explique que c’est l’un des revendeurs qui lui a soumis l’idée : « Ça a marché une fois, alors on a recommencé. Après ça s’est enchaîné… ». Ça s’est enchaîné au point que ça a duré plusieurs mois, et qu’Easydis chiffre son préjudice à « au moins 68 000 euros ».
Le parquet a requis six mois ferme à son encontre, deux mois ferme à l’encontre des deux gérants, et huit mois avec sursis pour un autre revendeur. Pour les simples acheteurs, des peines de un à trois mois avec sursis ont été requises. Le jugement a été mis en délibéré au 26 juin.
(1) Les gérants ont évidemment changé depuis.

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