Plus de deux heures de négociations ont été nécessaires, hier, pour faire céder Jacques Bonvallet. Possédant plusieurs armes à son domicile, ce chasseur de 67 ans, dépressif, menaçait de se tuer s'il était conduit à l'hôpital.
JACQUES BONVALLET n'est pas un mauvais bougre. Loin de là. A la boulangerie située à deux pas de son domicile du 34 de la rue Buirette-Gaulard, à Suippes (juste à côté de la maison du maire), on le considère comme un « client ordinaire qui vient acheter ici son pain tous les jours ». D'autres le connaissent pour le croiser sur le chemin du café du commerce, au coin de la rue, « où il va boire des coups ». « Un gars comme un autre, dit-on. Ni un violent ni un délinquant. »
Pourtant, c'est bien ce retraité, bientôt âgé de 68 ans, qui a créé l'émoi parmi bon nombre de riverains, hier, en fin d'après-midi, en mobilisant plusieurs heures, dans le centre de la commune, une quinzaine de gendarmes de la compagnie et du peloton de surveillance et d'intervention de la gendarmerie (Psig) de Châlons-en-Champagne.
Aux alentours de 17 heures, l'homme, vivant seul, s'est en effet retranché chez lui, au rez-de-chaussée, tous volets baissés, avant de menacer de mettre fin à ses jours.
L'alerte a été donnée par le Samu qui venait de prendre un appel du sexagénaire quelques minutes plus tôt. Celui-ci se trouvait alors sous l'emprise de l'alcool et de médicaments. Très vite, refusant une éventuelle hospitalisation, son discours s'est fait plus menaçant. « J'ai des armes à la maison et je compte bien m'en servir », a-t-il ainsi indiqué en substance au service d'urgence.
« Il ne veut pas aller à l'hôpital »
La menace a été jugée d'autant plus inquiétante que Jacques Bonvallet est aussi connu pour être un chasseur. « Il y a chez lui de quoi faire un carnage », indique une source. Mais on le savait aussi mal dans sa peau. Les sapeurs-pompiers sont déjà intervenus à plusieurs reprises à son domicile pour des problèmes de dépression. Et à chaque fois, ces mêmes menaces d'en finir avec la vie.
Aussi, sous le commandement du colonel Laurent Vidal, commandant le groupement de région, et du capitaine Arnould, commandant de la compagnie de Châlons, les forces de gendarmerie ont-elles rapidement pris position dans la rue Buirette-Gaulard, en interdisant chaque accès, depuis la place Léon-Bourgeois au bar-tabac du Commerce, à l'autre extrémité de la rue. Deux négociateurs de crise ont ensuite rejoint les lieux avant d'engager le dialogue avec le retraité cloîtré chez lui. « Il ne veut tout simplement pas aller à l'hôpital », déclarait alors le colonel Vidal.
Jacques Bonvallet est cependant revenu à la raison au terme de plus de deux heures de pourparlers. Celui-ci a fini par se rendre. Aucun coup de feu n'a été tiré. A 19 h 25, le périmètre de sécurité était ainsi levé aux abords de la rue Buirette-Gaulard, laissant aux curieux l'occasion de retourner à leurs occupations.
Plusieurs armes, notamment des fusils de chasse, ont été saisies par les gendarmes lors de l'opération, mais il semblerait qu'une seule d'entre elles ait été déclarée en préfecture. Evacué par l'arrière de son habitation par mesure de discrétion, le sexagénaire devrait échapper à toute poursuite pénale. « Aucun délit n'a été commis, souligne le colonel Vidal. Nous intervenions à la fois dans un cadre de police administrative et de maintien de l'ordre public, mais aussi pour la sécurité de la personne qui représentait un danger, surtout pour elle-même. »
En revanche, la préfecture pourrait à l'avenir s'intéresser davantage au cas Jacques Bonvallet. Celui-ci pourrait ne pas échapper à une hospitalisation d'office. Ni au retrait définitif de ses armes
http://www.lunion.presse.fr/article/marne/retranche-chez-lui-un-chasseur-menace-de-se-suicider
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