Arnaque à l’éthylotest

Une pharmacienne vosgienne vient de déposer plainte pour une arnaque à l’éthylotest. Face à la pression de la demande de sa clientèle, elle s’est laissée abuser par une offre tombant à pic, provenant d’une société basée à Saint-Denis-La-Plaine en région parisienne : « Suite à leur mailing, j’ai commandé 10.000 éthylotests pour un montant d’un peu plus de 9.400 euros le 21 juin. J’ai immédiatement effectué un virement bancaire. La somme a été débitée le jour même ». Confiante, cette pharmacienne attend sa livraison, promise entre le 2 et le 16 juillet. Elle n’arrivera jamais. A plusieurs reprises, elle appellera la société concernée et tombera « sur un monsieur très sympathique », raconte-t-elle. Puis plus rien. Avec les numéros et adresse dont elle dispose, elle mène sa petite enquête pour apprendre dans la seconde quinzaine de juillet que la société n’existe plus.
Quatre pharmaciens vosgiens auraient été victimes de cette arnaque, d’après ce qu’en sait l’Ordre des pharmaciens de Lorraine pour l’instant. En réalité sans doute plus, certains, d’après des témoignages, ne souhaitant pas en faire état en raison notamment de sommes engagées beaucoup plus faibles.

Tout pour a priori inspirer la confiance

Il faut dire que « même en faisant vraiment attention, on ne pouvait trouver qu’une faute d’orthographe dans le descriptif », résume Me Jean-François Fouqué, du barreau de Nice. L’avocat de la pharmacienne vosgienne reconnaît que l’arnaque semblait bien montée. Avec un bon de commande et son descriptif très précis des produits, portant un NF bien visible, un relevé d’identité bancaire dans une agence de Saint-Denis-Basilique, une facture avec un numéro RCS, facture qui plus est numérotée, laissant penser « que c’est une boîte qui marche », commente l’avocat. Tout était fait pour a priori inspirer la confiance, jusqu’à cette mention écolo en bas du bon de commande : « Pour ne plus recevoir de télécopies publicitaires, merci de retourner ce document » avec un numéro de fax…
Depuis, averti par les gendarmes, l’Ordre des pharmaciens de Lorraine a diffusé un mail à toutes les officines de la région, appelant à « la vigilance ». La rupture de stock est une réalité sur laquelle surfent escrocs et petits malins en tous genres. « Nous sommes effectivement énormément sollicités par fax, mails », reconnaît Monique Durand, la présidente de l’Ordre régional. Le mot d’ordre, c’est « se méfier, ne pas commander. Aujourd’hui il n’y a plus de stock », rappelle-t-elle, et attendre que les approvisionnements se fassent par voie normale ».
Un message qui vaut pour le public : « Inutile de se précipiter » au risque de se procurer des produits non conformes ou à des prix déraisonnables. D’autant que les automobilistes n’ont l’obligation d’en être équipés qu’à partir du 1er novembre prochain.
Un éthylotest chimique (les produits doivent être labellisés NF) vaut aux alentours d’un euro. Et il s’agit de produits fragiles, rappellent les pharmaciens. Stockés à température élevée dans une voiture, ils perdent leur efficacité.
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2012/08/01/arnaque-a-l-ethylotest