samedi 15 septembre 2012

Assises de Pau : 15 ans de prison pour le meurtrier de Charles Otaegui

A la fin de l'instruction du dossier de meurtre de Charles Otaegui, les avocats de Jean-Claude Brunet, Mes Julien Marco et Thierry Sagardoytho, avaient demandé la requalification de l'affaire. Pour eux, point de meurtre mais des coups mortels. Autrement dit : aucune intention de tuer. L'homicide est un aléa dû à une agression de la victime qui a mal tourné.
La juge d'instruction, Anne Francavilla, a eu la même analyse que le parquet en ne suivant pas cette demande. C'est donc pour meurtre qu'a comparu, quatre jours durant, Jean-Claude Brunet. Ses conseils n'ont toutefois pas changé de stratégie, suivant la ligne dictée par les dépositions de leur client.

Sa version d'une agression au couteau de la part de la victime est aussi soutenue par Régis Richard. Celui-ci, défendu par Me Frédéric Duthin, l'accompagnait ce soir-là. Il l'a suivi dans la fuite au Maroc et a facilité la fuite du tireur.
Vingt ans requis
L'avocat général, Olivier Janson, a lui adhéré à la description de la scène faite par l'unique témoin, l'amie de Charles Otaegui, présente à ses côtés ce soir-là. « Il n'y a pas eu de rixe, pas de bagarre, pas de couteau. Dans cette affaire, ce n'est pas parole contre parole, mais une version corroborée et étayée par la dame et des versions, multiples et évolutives au fur et à mesure des interrogatoires, des expertises et qui ont encore changé lors de ce procès. »
Étant donné la ligne de défense, l'avocat général avait anticipé les risques de requalification en coups mortels (vingt ans encourus au lieu de trente) en décortiquant la notion d'intention, ou non, de donner la mort. Malgré cette différence dans les termes juridiques, la peine requise est de vingt ans de réclusion… « Il ne mérite pas à mon avis la peine maximale », a dit l'avocat général aux jurés. À l'égard de Régis Richard, libéré à l'issue de deux ans de détention préventive, le procureur a requis cinq ans de prison dont trois avec sursis (pas de retour en détention).
Instiller le doute
La défense, elle, a tenté d'instiller le doute, relevant que si le témoin clé n'est pas à taxer forcément de « menteuse », elle a « au minimum pu se tromper » (Me Duthin), « mettre un drap sur ce qui la dérange » (MeMarco) ou « se contredire » (Me Sagardoytho). Ce dernier note qu'étant donné les démêlés qu'il avait avec la justice, son client était tout sauf en recherche de problèmes qui l'aurait fait remarquer : « Il voulait juste rentrer dans cet hôtel, aller se reposer. Il ne voulait pas faire usage d'une arme et les choses ont dégénéré ! Il ne voulait pas tuer ».
Me Sagardoytho a demandé aux jurés d'écarter le meurtre. « Les coups mortels sont un crime, oui. Mais il a des circonstances atténuantes. De mauvaises fées se sont penchées sur son berceau. Voleur ou mais pas tueur. »
Les jurés en ont décidé autrement. Ils ont retenu la qualification de meurtre. À l'énoncé du verdict, Jean-Claude Brunet s'est mis à insulter et à menacer les trois femmes : la mère, la fille et l'amie de Charles Otaegui réunies sur le même banc. Il a été évacué de la salle. « Il a montré son vrai visage », a commenté Olivier Janson.

http://www.sudouest.fr/2012/09/14/assises-de-pau-15-ans-de-prison-pour-le-meurtrier-de-charles-otaegui-820916-7.php

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