mercredi 5 septembre 2012

Le meurtrier présumé du petit Dijonnais Lucas s’explique

Un ex-moniteur, jugé aux assises à Lyon pour avoir causé la mort en décembre 2010 de l’enfant de son ex-compagne, a été dénoncé ce mardi par celle-ci pour sa “duplicité”.
«Je n’ai eu aucun doute sur lui. Quand je rentrais, je les voyais jouer dans la chambre ou regarder la télé dans la salle à manger. Devant moi, il donnait un certain visage », a accusé la mère de 26 ans, partie civile. Le père, lui, réside à Dijon. Une marche blanche avait été organisée le 3 août 2011 dans la ville.
« Je lui ai fait confiance avant même qu’il ne soit venu à la maison étant donné qu’il était animateur », a-t-elle témoigné après avoir quitté la salle pendant la description des lésions constatées par les légistes sur le corps de son enfant.
A la barre, elle a raconté la soirée du 14 décembre 2010 où elle a reçu un appel de son compagnon (avec lequel elle ne vivait que depuis quelques mois) en pleine réunion à la crèche où elle travaillait.
« Il m’a dit que Lucas n’allait pas bien, qu’il avait l’air “shooté” », a-t-elle raconté. Aux urgences de l’hôpital, son compagnon lui assure que le malaise de l’enfant est dû à un surdosage d’un anti-douleur courant, l’Advil.
« A aucun moment je n’ai entendu parler de coup de pied », acte que son compagnon avouera plus tard en garde à vue, s’accusant d’avoir frappé volontairement l’enfant, pour lui donner une leçon, avant de donner comme dernière version – à laquelle il s’est tenue mardi – un coup de pied involontaire.

« Le coup a été fort »

Le président du tribunal a tenté ce mardi de le mettre face à ses incohérences, notamment sur l’impossibilité, vue l’exiguïté de l’entrée de la chambre de l’enfant, que ce dernier ait pu se retrouver dans sa trajectoire.
« Pris dans mon élan, j’ai tiré sans me rendre compte que j’avais atteint Lucas au niveau du ventre », a-t-il dit, concédant que « le coup a été fort ». Un expert a témoigné d’un traumatisme semblable à celui d’« un enfant renversé par une moto » avec fracture du foie et du pancréas.
Interrogé sur la disproportion entre la violence de ce coup et la légèreté du ballon utilisé, l’homme de 22 ans ne s’est pas plus dédit que quand lui ont été montrées les photos du cadavre de l’enfant, portant des traces suspectes sur le dos, qu’il attribue à une porte d’armoire ou un chambranle.
L’accusé a justifié sa version, mensongère selon lui, livrée en garde à vue et selon laquelle il a porté un coup volontaire, par un souci autodestructeur de « se placer dans le stéréotype du beau-père qui maltraite le beau-fils ».
« Est-ce que ce n’est pas que vous adaptez vos discours aux évolutions de l’enquête ? », a ironisé le président.
« Je n’ai pas voulu lui donner un coup fort, je n’ai pas voulu lui faire mal », a insisté l’accusé, justifiant son retard pris dans l’alerte aux secours (auquel il n’a signalé qu’au bout de trois appels que l’enfant était en détresse cardio-respiratoire) par le fait qu’il n’était « pas médecin » et a mal évalué la gravité de son état de santé.
Il a expliqué son omission auprès de l’équipe du Samu du coup de pied administré à l’enfant « par peur pour lui-même ». « A ce moment-là, je pensais plus à moi qu’à l’enfant », a-t-il confessé, disant redouter alors la prison.

http://www.bienpublic.com/cote-d-or/2012/09/05/le-meurtrier-presume-du-petit-dijonnais-lucas-s-explique

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