Ils s'appellent Julio, Petyu, Pedro, Gincho, Lucas, Sidonio, José, Tamas, Francisco ou encore Valeri. Vingt-deux chauffeurs espagnols, bulgares ou portugais parmi tant d'autres forçats de la route qui ne font que passer en Charente au volant de leur bahut. À Maine-de-Boixe, Roullet-Saint-Estèphe ou Touvérac, ceux-là ont été interceptés sur la RN 10 ou à proximité par les gendarmes et les contrôleurs de la Dréal (Direction régional de l'environnement, de l'aménagement et du logement). Parce qu'ils ont contesté la procédure, tous étaient cités à comparaître hier au tribunal correctionnel d'Angoulême. Petit aperçu des atermoiements du transport international, celui qui passe sous nos fenêtres.
1 Pas de carte dans l'enregistreur
Le seul à s'être déplacé à Angoulême. Gincho, 49 ans, est appelé à la barre. Une interprète se charge de traduire en espagnol. Le 15 mars 2011, ce chauffeur bulgare domicilié à Saragosse est contrôlé sur l'aire de Maine-de-Boixe. Problème : il n'y a pas de carte dans le chronotachygraphe électronique, la boîte noire du camion où sont enregistrés vitesse et temps de conduite. Document à l'appui, le chauffeur assure qu'il avait demandé le renouvellement de sa carte quelques semaines plus tôt. « S'il n'est pas en possession de sa carte, il n'a aucun droit de conduire », oppose le procureur. Délibéré le 14 novembre.
2 Dix-huit heures de route sur vingt-quatre
C'était bien tenté. Contrôlé le 29 septembre 2011, toujours à Maine-de-Boixe, Sidonio avait assuré qu'il ne roulait que depuis une demi-heure, ce qui lui vaut d'être poursuivi pour fourniture de faux renseignement. Les contrôles et l'enquête de la Dréal ont révélé qu'il avait conduit dix-huit des vingt-quatre dernières heures, photos aux péages à l'appui, et qu'il se trouvait la veille aux Pays-Bas. Résultat : 2 900 euros d'amende (1).
3 Un scénario catastrophe
Une incroyable légèreté. En juin 2011, les agents de la Dréal inspectent un poids lourd portugais sur l'aire de Maine-de-Boixe. Surprise : le transport de marchandise dangereuse, en l'occurrence une matière inflammable, n'est nullement signalé. Intérêt de la manœuvre, selon le contrôleur de la Dréal présent à l'audience, emprunter des routes d'ordinaire interdites aux transports dangereux et s'épargner des limitations de vitesse plus contraignantes. Le procureur imagine un scénario catastrophe : « C'est encore plus grave. On peut imaginer qu'il y ait un accident : on désincarcère le chauffeur avec une scie circulaire, on fait des étincelles… Et en réalité, on peut se retrouver devant des situations inattendues… » 4 410 euros d'amendes en cumulé.
4 Alcool : 2,98 grammes un 1er novembre
Le coup du chapeau. Le 1er novembre 2011, Valéri, un chauffeur bulgare de 38 ans, perd le contrôle de son poids lourd sur une route de Berneuil, en Sud-Charente. Jamais il n'aurait dû circuler en ce jour férié, et encore moins après avoir bu autant : son taux d'alcoolémie s'élevait à 2,98 grammes ! Une chance que l'accident ne soit que matériel. Hier, le procureur a requis deux mois de prison ferme et l'interdiction de conduire sur le territoire français : le chauffeur n'en est pas à son coup d'essai sur les routes hexagonales : en 2010, il était condamné à six mois avec sursis pour conduite en état d'alcoolémie. Le délibéré sera rendu le 14 novembre.
(1) De fait, l'amende est déjà réglée : l'employeur ayant déboursé une somme équivalente pour récupérer un poids lourd immobilisé
http://www.sudouest.fr/2012/10/25/les-droles-de-pratiques-du-transport-international-859940-813.php
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