Grégory Massin, 40 ans, fait ses courses dans un centre Leclerc quand un inconnu lui propose du champagne pas cher. À 28 euros le lot de six bouteilles, il ne trouvera pas meilleure promo. Le forain dit banco. « Saviez-vous qu'il était volé ? » questionne le président Vincent Dufourd. « Je me doutais bien. Et, aujourd'hui, je regrette d'avoir acheté ça », explique-t-il de son air penaud.
Rendez-vous est pris pour le soir même à sa caravane, plantée à l'aire des gens du voyage de Bétheny. « Ils sont arrivés chez moi avec un camion de champagne », assure le prévenu. Il en a pris 100 cartons réglés rubis sur l'ongle. 2 800 euros en liquide. « D'où vient ce petit pactole ? » interroge le substitut Doriane Trombi. « Je fais les fêtes foraines et j'ai placé l'argent liquide chez moi dans mon coffre-fort », explique le maladroit.
Des livreurs « encagoulés »
« Qui sont les voleurs ? » poursuit le président du tribunal. Grégory Massin est bien en peine de livrer des noms. « Ils sont venus encagoulés », justifie-t-il. Ce n'est pas de chance pour les gendarmes de la brigade de recherches de Reims lancés aux trousses des voleurs depuis la mi-novembre. Grégory Massin a bien un indice à leur fournir, mais il est mince. À l'entendre, le chef des voleurs campe dans l'Aisne et se fait appeler « le petiot ».
L'équipe a déjà fait fort à l'approche des fêtes de fin d'année. Ils ont fait main basse sur 187 flacons dont 32 magnums à Champillon, dans la nuit du 19 au 20 novembre. Poursuivant leur périple, ils ont raflé pas moins de 106 bouteilles, parfois des premiers crus, à Hautvillers. Une troisième expédition les a menés à Écueil, où ils ont dérobé 610 bouteilles, dans la nuit du 15 au 16 novembre. Grégory Massin, pour sa part, était en position de receler quelque 600 bouteilles à lui tout seul.
Un business qui s'accélère à Noël
Le substitut Trombi note que le champagne a été volé de façon concomitante au recel. Elle dénonce un vrai business « qui s'accélère à l'approche de Noël ». « C'est un fléau car les consommateurs n'hésitent pas à acheter des bouteilles tombées du camion », déplore-t-elle. Elle requiert six mois de prison dont trois avec sursis avec obligation de travailler et d'indemniser les victimes à l'encontre d'un prévenu qui totalise déjà trois condamnations pour des affaires de stupéfiants.
« Il savait que ce champagne n'était pas clair, mais il est tombé dans le piège de la facilité », plaide Me Nicolas. Et de poursuivre : « Il a voulu se faire un peu de fric dans un contexte de misère économique ». Finalement, son client écope de quatre mois de prison dont deux avec sursis et mise à l'épreuve. Mais il n'en a peut-être pas fini avec la justice. Car d'autres produits, eux aussi « tombés du camion », ont été saisis chez le forain.
http://www.lunion.presse.fr/article/marne/prison-ferme-pour-le-forain-qui-ecoulait-du-champagne
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