À peu près tous les écoliers de la région ont caressé, un jour, les chèvres ou les poneys de la ferme de Cessenon, créée en 1989, par un amoureux des animaux. Personne n’aurait imaginé qu’entre 2006 et 2008, ce paradis pour animaux cachait un mouroir.
En décembre 2008, alertés par l’association Cheval, la direction départementale des services vétérinaires et la gendarmerie poussent les portes de la ferme, reprise par un gérant en 2000, fermée au public et sous le coup d’une liquidation judiciaire depuis 2007.
Une vision d'horreur
Ils tombent sur une vision d’horreur. Des chevaux faméliques tiennent à peine sur leurs pattes. Ils portent des plaies purulentes. Une trentaine de cadavres de moutons, de chèvres, de volailles, d’ânes, sont en train de pourrir sous des bâches. Un zébu éventré est dévoré par les mouches.
L’endroit est à l’abandon, dans un état de saleté repoussante. On sauve les animaux errants, couverts de poux, affamés et assoiffés, qui peuvent encore l’être. Beaucoup ne survivent pas. D’autres doivent être euthanasiés.
Placé en détention provisoire durant quatre mois
Le gérant, un boucher belge, est recherché, interpellé en janvier 2009 et placé en détention provisoire pendant quatre mois pour mauvais traitements, abandon volontaire d’animaux domestiques, sévices graves et cruauté. Mais aussi pour trafics d’animaux et altération de documents administratifs. (Lire ci dessous).
Les salariés, non déclarés, racontent les pratiques dans la ferme. Les animaux morts sont laissés sur place. On réutilise leurs identifications. Les bêtes survivent sur du fumier épais de plusieurs mètres.
Exécutés d'une balle dans la tête
Les animaux malades sont exécutés d’une balle dans la tête ou égorgés et dépecés sur place et nourrissent parfois leurs congénères. Seuls les animaux exposés au public sont bien entretenus.
Le vétérinaire habituel de la ferme, poursuivi lui aussi, se trouve seul à la barre du tribunal correctionnel de Béziers. "Mon client ne soignait que les animaux qu’on voulait bien lui faire voir, explique son conseil, Il travaillait déjà pour l’ancien propriétaire. Il a cessé d’y aller en 2008."
Le gérant absent des débats
Le gérant belge, sous contrôle judiciaire, est le grand absent des débats. Pour son avocat, Me Guigues, il a été dépassé par les événements : "Il est passé de 250 animaux à 800. En 2007, il est placé en redressement judiciaire. Il n’a plus un sou pour nourrir les animaux. Il a frappé aux portes. On lui a juste conseillé de vendre rapidement».
Le parquet requiert 2 ans de prison avec sursis pour le vétérinaire et 4 ans dont 3 ans avec sursis pour le boucher belge. Le tribunal rendra sa décision le 18 janvier 2013.
Trafic entre le père maquignon et le fils boucher
En décembre 2008 et en avril 2009, deux fourgons venant de Belgique, conduits par des salariés de la ferme, sont contrôlés. À l’intérieur, entassés dans leurs excréments, sans eau, ni nourriture, des moutons, des ânes, des vaches et une douzaine de chiots. On met au jour un trafic entre la Belgique et Cessenon.Le gérant, boucher jusqu’en 1998, envoyait à son père, maquignon de métier, les animaux de la ferme, condamnés à l’abattage, dans des conditions de transports sans aucune norme sanitaire.
La viande traitée sur place
La viande était parfois déjà traitée à Cessenon et transportée sans aucune forme d’hygiène et de réfrigération.
« Mon père était grossiste en viande et possédait son abattoir, expliquera le fils, la viande était vendue à des zoos, des cirques et aussi à des Africains qui apprécient la viande boucanée ».
Le voyage du retour ne se faisait pas à vide. Le gérant de la ferme, ramenait de Belgique, des chiots de race Jack Russel, achetés à un éleveur belge non agréé. Certains chiots proviennent de Slovaquie où la rage n’est pas encore éradiquée.
Trafic du chiots
Les chiots n’avaient ni identification, ni papiers. Cet éleveur belge ainsi que le père du gérant, sont d’ailleurs sous le coup de poursuites judiciaires dans leur pays.
Le vétérinaire biterrois reconnaît avoir enregistré 133 chiots au nom des salariés de la ferme ou d’une société fantôme : « Je pensais qu’il avait un élevage officiel. Je le faisais pour lui rendre service ».
http://www.midilibre.fr/2012/12/17/la-mini-ferme-de-cessenon-etait-devenue-un-mouroir-et-un-charnier,613441.php
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