L'audacieux braquage du fourgon blindé de la Brink's, près de Signy- le-Petit, a viré au cauchemar pour les malfaiteurs. L'opération a coûté la vie à l'artificier et ses trois comparses ont pris la fuite sans toucher au butin.
Mercredi matin, le braquage éclair de la « tirelire » a tourné au fiasco le long de la départementale, entre Signy-le-Petit et Saint-Michel. Les liasses de billets de banque dormaient encore dans le fourgon de la Brink's dont la porte blindée avait été éventrée par une charge explosive. Car - on le sait - ce qui aurait pu être un coup de maître a viré au tragique pour les quatre malfaiteurs « montés au braquage » dans les Ardennes.
Il est environ 9 h 45 quand une équipe de braqueurs pour le moins audacieuse et a priori chevronnée s'attaque à un fourgon de la Brink's, le long de la RD 20. Les malfaiteurs ont indiscutablement mûri leur projet de longue date. Ils connaissent le trajet emprunté par « la tirelire » et ses créneaux horaires. Ils ne se trompent pas beaucoup non plus en pensant que le véhicule est « blindé » d'argent frais.
D'ailleurs, il regorge d'un beau paquet de billets de banque pour un montant estimé à plusieurs dizaines de milliers d'euros. Mais leur audace ne se mesure pas seulement à la hauteur des piles de billets et à la qualité du travail de repérage. Les malfrats ont également prévu d'user d'une technique inédite en France pour immobiliser leur cible.
Le gang a pris soin de piéger la route au moyen de charges explosives. Pour ce faire, les quatre voyous n'ont pas hésité à percer le bitume à deux endroits afin de les dissimuler à la vue des convoyeurs. À leur passage, des explosions déchirent le silence de la campagne rustique chère à la Thiérache. Sous la violence du choc, le véhicule blindé échoue comme une plume dans le fossé.
Les truands, encagoulés et munis d'armes longues, n'ont plus qu'à se précipiter à l'avant de « la tirelire » pour s'assurer que les convoyeurs ne ripostent pas. Ces derniers seraient sans doute en peine de le faire. Car, outre la violence de cette attaque surprise, les trois hommes ont été blessés dans l'accident. Pendant que ses trois comparses gardent un œil sur les victimes, l'artificier de la bande pose une troisième charge explosive. À l'arrière du fourgon.
L'as de l'explosif foudroyé
La nouvelle déflagration éventre proprement le blindage, permettant un accès au précieux butin. Seulement, un grain de sable a grippé la belle mécanique. L'as de l'explosion de « tirelire » est tombé « comme une mouche ». Foudroyé. A-t-il été percuté par un fragment ou a-t-il été violemment projeté contre un obstacle sous l'effet du souffle ? Mystère.
Décontenancés, ses complices ont tôt fait de charger le corps ensanglanté dans leur véhicule pour prendre la fuite. Sans toucher au butin. C'est ce que révélera, plus tard, le comptage des billets retrouvés à l'intérieur de « la tirelire ».
Une fois sur les lieux, les policiers du SRPJ de Reims, de Strasbourg et leurs collègues parisiens de l'Office central de lutte contre la criminalité organisée (OCLCO) prennent le relais des gendarmes. Ils relèvent le moindre indice tout en décortiquant le mécanisme de mise à feu.
« C'est sophistiqué… Du jamais vu », confirme un spécialiste. Très vite, les enquêteurs comprennent que l'un des truands a été sérieusement touché. Voire tué. Alors, au-delà de la diffusion du signalement du véhicule en fuite, ils alertent leurs homologues belges de la recherche d'une personne blessée susceptible d'être déposée dans un établissement hospitalier de l'autre côté de la frontière.
En attendant, le coupé Mercedes noir des fuyards fait une courte étape dans les bois de Longwé, sur la commune de La Neuville-aux-Joûtes. C'est là, à proximité d'une aire de stationnement de la RD 34, qu'ils abandonnent à la hâte leur macabre fardeau.
Touché en pleine tête, le malfaiteur, vêtu d'un bleu de travail, gît, face contre terre, quand il est découvert jeudi vers 10 heures, soit 24 heures après l'attaque du fourgon. Une partie de la journée, les enquêteurs passent alors la scène de la découverte macabre au peigne fin à la recherche de nouveaux indices.
Ils s'assurent notamment que le truand n'a pas été « liquidé » après coup par ses complices. Sans quoi, ils seraient confrontés à une deuxième scène de crime. Ce qui ne semble pas le cas au vu des premières constatations. L'homme, âgé d'une cinquantaine d'années, aurait en effet été tué sur le coup.
Une autopsie pratiquée hier après-midi au centre médico-légal de Lille devrait permettre de le dire de manière certaine. Dans la matinée de jeudi encore, le coupé Mercedes noir utilisé par les voyous a été retrouvé complètement carbonisé dans un bois au sud de Charleroi, en Belgique.
Le parquet de Reims s'est dessaisi du dossier
Aujourd'hui, les trois complices de l'artificier tué sont en fuite. Et ils ont sans doute raison de se faire du mauvais sang, car une trentaine de policiers, parmi les meilleurs de la spécialité, sont à leurs trousses.
Jeudi soir, le parquet de Reims, quant à lui, s'est dessaisi du dossier au profit de la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Lille, dont les magistrats disposent de gros moyens en matière de lutte contre la grande criminalité.
Une information judiciaire pour vol à main armée en bande organisée et association de malfaiteurs a aussitôt été confiée à un juge d'instruction.
http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/le-braquage-du-fourgon-a-tourne-au-fiasco
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