mardi 29 janvier 2013

Bordeaux : il tire un coup de fusil "pour faire peur"

« On n'est pas au far west ! On est dans la vraie vie », gronde la présidente, Colette Lajoie. Face à elle, nerveux, arrivé dans la salle d'audience sous bonne escorte, le prévenu se dandine. Il vient d'avoir 18 ans. Il était jugé hier pour des violences avec arme. Vendredi, après un début de soirée arrosé, vexé après une embrouille et pressé d'en découdre, il était rentré chez lui chercher un fusil et avait tiré un coup. En l'air selon lui. « Pour faire peur, c'est tout. » Mission accomplie puisque les jeunes qui étaient devant sa grille avaient déguerpi.
Il était alors parti à leur recherche, avec une serpette en poche, et l'aurait mise sous la gorge d'une jeune. À l'audience, il dit pourquoi, le plus naturellement du monde : « Je voulais les attraper. » « C'est-à-dire ? », questionne la présidente qui le pousse dans ses retranchements. « Je voulais me battre. » « Vous aviez besoin d'un couteau ? » « Je voulais leur mettre un coup de serpette là où j'aurais pu. » « Vous ne leur aviez pas suffisamment fait peur avec le fusil ? » « De toute façon, je n'ai pas ouvert le couteau », assure-t-il.

Déontologie
« Il chipote sur les violences, mais elles existent. Le simple fait de sortir une arme, cela s'appelle de la violence », rappelle le substitut du procureur, Marie-Noëlle Courtiau-Duterrier, qui se dit « inquiète face à ce comportement irresponsable ». « Il faut apprendre à vous maîtriser. Quand on a un permis de chasse, il y a une déontologie qui va avec. » Elle choisit une peine d'avertissement et requiert six mois de prison avec sursis et l'obligation d'accomplir un travail d'intérêt général de 120 heures.
« Ce n'est pas de la défiance de sa part, plaide l'avocat de la défense, Me Julie Eldoyen. Il a eu une très mauvaise réaction. Mais 48 heures de garde à vue et 48 heures de prison ont été comme un électrochoc pour lui. » Elle espère l'indulgence du tribunal.
Après en avoir délibéré, les juges ont suivi les réquisitions à la lettre et ont ajouté une interdiction de paraître à Bordeaux-Bacalan pendant dix-huit mois pour prévenir toute revanche. Les armes ont été confisquées et les prétentions des parties civiles considérablement revues à la baisse. Dès hier soir, le jeune homme est parti vivre chez son père dans le Médoc.

http://www.sudouest.fr/2013/01/29/avertissement-pour-le-tireur-949793-2780.php

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