Il s'était habillé en électricien pour passer inaperçu, mais s'est fait remarquer au péage de Virsac en faisant marche arrière face à une barrière bloquée. Un Espagnol de 38 ans était jugé hier par le tribunal correctionnel de Bordeaux pour importation de produits stupéfiants.
Vendredi, les douaniers intrigués par sa manœuvre ont alors intercepté son véhicule et regardé à l'intérieur. Il rentrait en Espagne après quelques jours passés aux Pays-Bas. Près de 3 000 cachets d'ecstasy - 2 992 exactement - étaient cachés derrière la boîte à gants. Et deux grammes d'amphétamines étaient dissimulés dans le caleçon du conducteur, gros consommateur. Après avoir été remis aux gendarmes de la section de recherches de Bordeaux-Bouliac pour le volet pénal de l'enquête, l'Espagnol a préféré ne pas demander de délai pour être jugé.
Traduit par un interprète, il assure, plaintif, n'être qu'un transporteur d'occasion (une mule dans le jargon). Il ne dira rien de concret, rien de vérifiable sur le commanditaire. Par peur des représailles. Juste son surnom : « Nintendo ». Il répond vaguement aux questions précises de la présidente, Colette Lajoie. Il joue les candides, minimise sa participation à un trafic d'envergure. « C'était mon premier voyage. »
« Vous savez combien vous risquez ? demande la présidente. Dix ans de prison et 7,5 millions d'euros d'amende. » Murmure ébahi dans la salle soudain calmée. « Plus une amende douanière », l'achève la juge. « Des choses ne tiennent pas la route mais c'est votre droit de raconter n'importe quoi », s'impatiente-t-elle.
Six mois ferme
« L'ecstasy est la deuxième substance illicite la plus répandue en France dans les milieux jeunes et festifs », explique l'agent des douanes qui chiffre l'amende à 4 578 euros.
« À 2 ou 10 euros le cachet, c'est une drogue très accessible pour les jeunes, déplore le substitut du procureur Marie-Noëlle Courtiau-Duterrier. Ce qui pose un vrai problème de santé publique. Il savait qu'il effectuait un transport délictueux et je ne crois pas que c'était la seule et unique fois. C'était un périple très organisé, loin de tout amateurisme. » La magistrate craint une réitération immédiate des faits « ne serait-ce que pour payer l'amende et rembourser les commanditaires qui ont une perte sèche de 3 000 cachets. » Elle requiert « pas moins de six mois ferme », un maintien en détention et la confiscation du véhicule.
« Son destin s'est joué à peu de chose, estime Me Jean-Gregory Sirou pour la défense. Il a des ennuis de santé, est au chômage depuis deux mois et est accro aux amphétamines : il a le profil parfait du bon pigeon que les dealers utilisent. Il est davantage victime d'un trafic, il est extérieur au circuit de revente. » Après en avoir délibéré, le tribunal a suivi les réquisitions.
http://www.sudouest.fr/2013/01/29/cachets-d-ecstasy-dans-la-boite-a-gant-949767-3222.php
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