samedi 20 avril 2013

Aveugle après un "défaut de diagnostic" de l'hôpital de Cannes

Laëtita, 43 ans, en couple, mère de deux enfants, se bat pour être reconnue victime d'une erreur médicale. Fin 2007, elle a perdu la vue suite à une prise en charge dans l'établissement cannois.

"La vue, c'est la vie! Ma vie à moi, elle est foutue… Mais je ne les lâcherai pas… ". La colère de Laëtitia est indicible.

La vie de cette aide-soignante active, alors âgée de 38 ans, en couple et mère de deux enfants de 3 et 8 ans, a basculé dans le noir le 3 décembre 2007. Ce jour-là, elle devient aveugle. Un handicap irréversible qui aurait pu, selon elle, être évité.

Faire reconnaître l'erreur médicale dans sa prise en charge au Centre hospitalier de Cannes, c'est le combat de sa nouvelle et difficile existence.

Juste des collyres

Tout commence fin septembre 2007. Laëtitia se plaint d'un trouble visuel. Un voile sur les yeux.

Reçue par un interne au Centre hospitalier de Cannes, la jeune femme indique qu'atteinte d'une hydrocéphalie dans l'enfance, elle est porteuse d'une dérivation ventriculo-péritonéale qui permet d'évacuer, le cas échéant, le trop-plein de liquide céphalorachidien.

"Mais l'interne ne me fait aucun examen, me prescrit un collyre et me dit de revenir dans deux jours", raconte, révoltée, la Cannoise. Ce qu'elle fait.

Lors de cette nouvelle consultation, cette fois-ci avec des ophtalmologues, la patiente sollicite un scanner. Refus. Un simple collyre suffira. Mais la situation s'aggrave.

Laëtitia revient plusieurs fois à l'hôpital, jusqu'à être hospitalisée fin octobre durant une semaine. Mais personne ne lui prodigue l'IRM qui aurait permis de constater que sa valve, inactivée depuis des années, doit être de toute urgence mobilisée.

"Défaut d'investigation"

Le 3 décembre au matin, c'est le trou noir. Comble, c'est atteinte d'une cécité totale et folle d'inquiétude qu'elle se présente encore à l'hôpital. Réponse: "Revenez dans quatre jours!" Ce qu'elle fait.

Mais ce 7 décembre-là, son état impose un transfert d'urgence à Pasteur à Nice où elle est opérée en neurochirurgie. Trop tard. "L'hyper-pression intra-crânienne a comprimé le nerf optique, provoquant une atrophie irréversible", explique le Dr Jacques Parienti, son médecin-conseil (1).

La bataille judiciaire commence. La malheureuse écrit même au Président François Hollande "pour que cela n'arrive plus".

Après la commission régionale de conciliation et d'indemnisation, Laëtitia, assistée de Me Sandra Marcic, avocat spécialisée "victimes dommages corporels", saisit début 2012 le tribunal administratif de Nice.

Plus de cinq ans après le drame, elle vient de gagner une première bataille. Rendue, il y a quelques jours, l'expertise judiciaire mentionne un "défaut d'investigation et de diagnostic malgré les symptômes et une absence de recherche d'information sur les antécédents de la patiente".

Aujourd'hui, la mère de famille de 43 ans, qui perçoit 700€ d'allocation adulte handicapé, attend une indemnisation à la hauteur de son préjudice. Inestimable. Tout l'or du monde ne lui rendra jamais son regard.
 
1. Auteur de l'ouvrage "Expertise médicale, mode d'emploi".
 

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