Les volets fermés et un simple panneau « À vendre ». L’agitation est depuis longtemps retombée au 43 de la rue Montpensier. D’après les habitués de ce quartier situé au nord du centre-ville de Pau, c’est pourtant là, au balcon d’un appartement au deuxième étage d’une résidence un peu vieillotte, que pendant de longs mois une troupe de trois à quatre personnes régulièrement éméchées invectivait les passants.
Tous se donnaient apparement rendez-vous chez Christian P., un homme décédé en août dernier, pour boire de l’alcool et vitupérer sur son étroit balcon.
C’est chez ce même Christian P. que Mickaël Baerhel, le meurtrier présumé d’Alexandre Junca mis en examen dimanche, aurait affirmé avoir passé une partie de la soirée du 4 juin 2011. La nuit où l’adolescent a disparu.
« Je connais ce visage »
Thierry, un ancien locataire du 43, rue Montpensier se trouvait pour son travail à l’audience de Mickaël Baerhel devant le juge des libertés et de la détention. « Le tribunal laisse entrer le principal accusé et une drôle de sensation m’envahit, explique-t-il. Je connais ce visage, je l’ai déjà croisé à maintes reprises, mais où et quand ? »
Notre témoin continue de s’interroger jusqu’à hier matin où son souvenir s’éclaire : « comme un coup de froid dans le dos… 43, rue Montpensier, l’immeuble où j’habitais encore il y a quelques mois. Ce type venait régulièrement chez un voisin que la police a retrouvé mort l’été dernier dans son appartement du deuxième étage. » Le voisin en question est donc Christian P. Et le « type », Mickaël Baerhel.
Hier, dans l’immeuble, les rares habitants à répondre à nos questions confirment. « Christian, quand il était saoul, il pouvait être méchant mais sinon il était plutôt gentil. Il recevait souvent des amis et faisait la fête tard le soir », indique un premier voisin. Parmi les visiteurs du soir, « il y avait un blond, un type très blanc et une femme, des fois. Ils faisaient du bruit tard mais je ne montais pas. D’autres s’en chargeaient dans l’immeuble », précise un nouveau.
Plus loin dans la rue, deux habituées du quartier et de ses deux structures sociales se souviennent très bien de Christian, « du Mickaël », de « Mike », et de Fatima.
Journée type
« Elle était souvent couverte de bleus et de cocards, raconte Monique, à Montpensier depuis une dizaine d’années. C’est son mec, le Mickaël qui la frappait. On le voyait des fois lui mettre des coups dans la rue. »
Monique et sa copine sont des régulières de la première des deux associations caritatives. Elles affirment y avoir croisé régulièrement Mickaël, Mike, Christian et Fatima pour le petit déjeuner. « Après, ils allaient (dans la seconde structure) pour la douche et le café, puis jouer aux cartes ou au ping-pong. » Ce centre, situé une rue plus loin, fermant ses portes sur les coups de 16 h 30, 17 heures, la bande d’amis se dirigeait alors, toujours d’après nos témoins, vers le parc Lawrance, les halles ou l’appartement de Christian P. pour y boire des bières.
Aucune trace en revanche de la présence de Claude Ducos, le chasseur de Cabidos, dans cet environnement. « Cela nous dit rien. On l’a jamais vu ce type. »
« Chef du groupe »
Pour nos trois témoins, l’emprise de Mickaël sur ses acolytes était évidente. « C’était lui le chef du groupe. Il mettait des coups et engueulait Fatima » mais il était aussi capable « d’engueuler » Mike. Pourtant, ce dernier « se la jouait beaucoup » en s’affichant en costume et en se vantant régulièrement de ses menus larcins. Même Christian, décrit par ces dames ou ses voisins immédiats comme quelqu’un de plutôt robuste « avec un cou de buffle » était, à leurs yeux, sous la coupe du fameux Mickaël.
Aujourd’hui, la rue a retrouvé un semblant de calme. Et les témoins croisés ici ou là déclament leur soulagement. « Nous, ça nous rassure, mais c’est d’abord pour la famille bien sûr », expliquent-elles en chœur. « On a le droit de vivre plus sereinement maintenant. »
http://www.sudouest.fr/2013/04/10/affaire-alexandre-junca-que-sait-on-des-suspects-1019774-4344.php
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire