Hier à la barre, une Pradinoise de 45 ans, mère de cinq enfants, était accusée d'avoir administré, pendant plusieurs mois, à son fils de 9 ans de grandes quantités de médicaments. Un dossier délicat, une histoire de famille et un cas extrêmement rare de trouble psychique. Face à la complexité de l'affaire, le tribunal avait demandé en janvier dernier une nouvelle expertise médicale auprès de deux médecins parisiens, pédiatre et psychiatre. Les conclusions arrivées la veille de cette nouvelle audience ont permis de mettre en lumière le mal au cœur de l'affaire : le syndrome de Münchhausen par procuration (lire l'encadré).
«Il y a beaucoup de similitudes avec votre histoire», a indiqué la présidente, Béatrice Almendros, qui a énuméré les malaises répétés du fils de la prévenue. De mars à août 2012, l'enfant connaîtra pas moins de dix hospitalisations d'urgence, à la suite de pertes de connaissance suivies d'hallucinations, de vomissements. Mais rien n'explique l'état du garçon, jovial et sportif. À l'école où travaille sa maman comme femme de service, l'équipe éducative s'interroge pourtant sur sa somnolence chronique. Des recherches pour détecter un trouble comme la narcolepsie, ne donnent rien.
Le 22 août 2012, l'enfant fait un malaise particulièrement grave. Il ne se réveille pas et tombe dans le coma. Des analyses toxicologiques vont révéler la présence très importante de médicaments, notamment de Laroxyl, antidépresseur très puissant prescrit à la maman. Un prélèvement à partir de ses cheveux confirme une prise massive de plusieurs molécules durant au moins les cinq mois précédents son coma.
Aucun malaise depuis le placement de l'enfant
La famille est interrogée. La maman nie d'abord prendre ce genre de médicaments. Le mari et les enfants n'ont d'ailleurs pas connaissance de ce traitement. Mais les enquêteurs vont découvrir des ordonnances, notamment une prescription de Laxoryl datant du 18 août, quatre jours avant le dernier malaise de l'enfant. La mère se souvient alors avoir envoyé le flacon en Algérie. «Je suis normale. Je n'ai jamais voulu empoisonner mon fils, c'est tout ce que j'ai à dire», déclare-t-elle à l'audience. Très souvent chez le médecin, elle apparaît fragile, notamment depuis 2004, date à laquelle elle fait une fausse couche et avale un mélange de médicaments.Comment cette maman aimante, voire fusionnelle avec son petit dernier, a-t-elle pu lui faire du mal ? «Elle a voulu jouer au docteur avec sa propre chair», avancent les experts qui pointent du doigt une «immaturité psychoaffective caractérisée». Pour Me Tabart, «l'enfant a été victime de l'amour de sa mère, victime elle-même du syndrome de Münchhausen par procuration. C'est un rescapé à protéger.» Depuis son placement dans une famille d'accueil, il n'a plus jamais fait de malaise.
La substitut du procureur, Bérengère Lacan, a requis 30 mois de prison avec sursis. Me Mas, avocate de la défense, n'a pas cherché à nier l'évidence mais a demandé une sanction symbolique «parce qu'il y a deux vérités : la sienne et la vérité judiciaire.» Reconnue coupable, la maman a été condamnée à deux ans de prison avec sursis assortis de 3 ans de mise à l'épreuve avec une obligation de soins.
À l'issue de l'audience, plusieurs questions restaient en suspens : comment les médicaments ont-ils été administrés ? Et depuis quand ? Des réponses que son fils aura sans doute besoin d'obtenir un jour pour se reconstruire.
http://www.ladepeche.fr/article/2013/05/31/1638907-cahors-mere-empoisonneuse-voulu-jouer-docteur-enfant.html
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