Hier s’est ouvert à Paris, devant la cour d’assises des mineurs, le procès de Luc, cet adolescent qui a fomenté, en décembre 2010, avec la complicité d’un ami, l’assassinat de son père, le journaliste politique en vue Bernard Mazières. Les experts sont perplexes quant aux motivations réelles du jeune homme.
La relation père-fils s’était sensiblement dégradée les derniers mois. Luc, 17 ans, qui vivait d’ordinaire chez sa mère, s’était installé chez son père en septembre 2010. Il devait passer le bac en juin mais aux cours, il préférait traîner avec des copains. Bernard Mazières, journaliste, 60 ans et à la retraite depuis peu, lui reprochait son absentéisme scolaire, alors qu’il avait déjà été exclu d’un lycée, et songeait à l’envoyer en pension.
«Un conflit somme toute assez banal» considère Me Richard Valeanu, l’avocat de la sœur de Bernard Mazières. Mais, assurément, le mal-être de l’ado était plus profond. «Soit je continuais à vivre cette vie en risquant de devenir taré ou bien je partais, ce qui me semblait impossible.», a-t-il par la suite expliqué aux enquêteurs à qui il aurait aussi confié avoir envisagé le suicide, mais «tenait trop à la vie» pour passer à l’acte.
«J’ai l’impression qu’il me hait» avait, pour sa part, indiqué à sa sœur Bernard Mazières.
En ce mois de décembre, le père et le fils ne faisaient que se croiser dans leur cossu appartement de Saint-Germain-des-Prés. Bernard Mazières, charmant, drôle, très british et mondain mais aussi un brin «noceur» poursuit sa vie mondaine. Luc, lui, ses virées nocturnes dans les bars et boîtes branchés de la capitale. Le divorce de ses parents avait été houleux et semblait l’avoir marqué. Il aurait reproché à son père de ne pas avoir été capable d’adapter «son mode de vie à sa paternité».
Et puis, il y avait eu cette rencontre, en 2008, sur les réseaux sociaux, avec Dany Manfoumbi, 25 ans, un jeune homme d’origine gabonaise abandonné par ses parents et victimes de sévices sexuels de la part d’un de ses cousins lorsqu’il était petit. Un profil inquiétant, qui aimait s’identifier à Patrick Bateman, le tueur psychopathe du roman «American Psycho», qui abusait des psychotropes et se vantait d’avoir «égorgé un dealer», en fait un étudiant qui revendait un peu de cannabis. Il avait d’ailleurs été condamné, en 2011, à 30 mois de prison pour cette agression. Luc lui a un jour lancé l’idée qu’il «faudrait faire disparaître» son père. Dany a accepté.
Le 24 décembre, après le réveillon de Noël passé avec son père et des voisins dont l’acteur Vincent Lindon, Luc a quitté l’appartement. Un peu plus tard, il a téléphoné à son père pour lui dire qu’un ami allait passer récupérer un casque audio qui lui appartenait. Dany est alors arrivé, a porté des coups de marteau à la tête de Bernard Mazières avant de l’achever d’un coup de couteau à la gorge. Pour faire croire au crime d’un voleur, il avait ensuite dérobé la carte de crédit du journaliste et effectué plusieurs retraits dans la foulée.
Luc avait acheté le marteau avec Dany. Avant de quitter l’appartement, il avait lancé à son père, ce qui était exceptionnel : «Je t’aime papa !».
Arrêtés quatre jours après les faits, Luc et Dany n’ont fait aucune difficulté pour reconnaître les faits.
Lors de sa détention, Luc a appris, après une analyse ADN, que Bernard Mazières n’était finalement pas son père. Chose que ce dernier aurait lui-même ignorée.
Le verdict est attendu en fin de semaine.
http://www.ladepeche.fr/article/2013/09/03/1700709-paris-luc-17-ans-avait-charge-ami-assassiner-pere-soir.html
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