"Il me détestait. Et c'était normal"
Cheveux frisés tirés en arrière par un bandeau, jeans, baskets en toile et grande chemise sage, la jeune femme, aujourd'hui âgée de 32 ans, s'est certes d'abord montrée peu loquace, hargneuse et revêche. Les traits sévères. Sans fard. Pour finalement se lancer dans un récit fluide et détaillé des quelques mois qui ont précédé le drame. Soudain percutante. Précise dans ses mots. Surprenante de lucidité. Et presque déconcertante de vérité à raconter ses allers-retours destructeurs entre David Gilavet, le père de ses deux enfants, et la victime Medhi Daouadji, son amant et cousin germain.
Un "coup de foudre"
Sa responsabilité, elle l'avoue et l'accepte. Ses sentiments complexes, tiraillés et tordus, elle les déballe, crus, et les assume. Toute dévouée désormais à la cause de l'accusé. "Notre couple n'allait plus. On essayait de recoller les morceaux pour les enfants. Et je suis tombé dans une dépression nerveuse. Pour moi, David n'a pas été là. Il ne m'a pas épaulée. Il travaillait tout le temps. Je me suis promis que je partirai. Avec Medhi, on s'est rapprochés. Rien n'était prévu. Après, on se voyait en cachette quand David travaillait. J'étais dans mon monde. On a nié tous les deux. Mais un jour, j'étais au téléphone avec Medhi et David a compris que c'était vraiment vrai. Il m'a arraché mon portable. Je lui ai mis une claque, je lui ai volé 500 euros, j'ai appelé Medhi et je suis partie avec lui à Toulouse. J'ai demandé à mon oncle et à ma tante d'aller récupérer les enfants à l'école. Après, je les ai ramenés à David au péage de Rivesaltes et je suis repartie à Toulouse".Mais "le coup de foudre" sera de courte durée. Leila déchante. "Sans argent pour s'acheter à manger et des cigarettes", Medhi devient irritable. "Il a commencé à me taper. Il m'insultait. David n'arrêtait pas de m'appeler. Je suis revenue. Ça n'a pas duré 3 jours. Il me détestait. Et c'était normal". Alors Leila le quitte à nouveau pour Medhi. Avec son amant, ils volent le véhicule et les cartes bancaires d'une amie qui les héberge à Balaruc. S'en vont à Dysneyland. Reviennent dans les P.-O., repartent. Au gré des scènes de violences.
"On était perdu"
"Je me suis retrouvée dans la rue à Paris, nue. J'ai appelé David. C'est la première fois que j'ai pensé à me suicider parce que j'avais honte. A la gare de Perpignan, David était là. Il avait gardé le cadeau de la fête des mères dans la boîte à gants". Qu'importe. Elle rejoint encore Medhi. Mais "il était inconcevable que mes enfants vivent avec lui". Puis elle revient auprès de David pour la quatrième et la dernière fois. Une semaine avant le drame. "Il a accepté. Pour les enfants. On savait très bien que ça ne mènerait nulle part. On était perdu. Lui plus que moi. Le 22 août, on est allé au restaurant. David ne voulait pas rentrer. C'est moi qui ai insisté. On a entendu klaxonner. On a compris que c'était Medhi. Ils sont partis à fond tous les deux. J'ai couru à ma voiture…". Et Leila de prendre un air plus grave. "Medhi m'a dit des mots que j'ai toujours attendus. Que j'étais belle. J'ai cru que je l'aimais. Ça a été physique, sexuel. Je me cherchais. Je voulais autre chose. C'était quelqu'un qui pleurait mais quelqu'un aussi de pervers. Il y avait une fierté de mec bidon entre eux. Mais je ne vais pas mentir. On s'est entraîné l'un l'autre. J'étais dans une spirale. Les photos de nos relations sexuelles, c'est moi qui les ai envoyées à David. Je voulais lui faire du mal. Medhi, je revenais avec lui parce que je ne savais pas où aller et parce que j'étais attachée. David, je ne l'ai pas quitté parce que je l'aimais quand même. Avec lui c'était sain, il me protégeait. Je savais qu'il ne me ferait pas de mal. Je lui ai fait croire que j'avais des sentiments. Il ne m'a jamais frappée pourtant avec le recul je méritais une ou deux claques. Je voudrais demander pardon à mes enfants, à David, à sa famille et aux parents de Medhi, même si je sais qu'ils ne me pardonneront jamais. Si ça n'était pas Medhi qui était mort, ça aurait été moi ou David".http://www.lindependant.fr/2013/10/25/cour-d-assises-ca-a-ete-une-histoire-triste-par-ma-faute,1804110.php
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