mercredi 13 novembre 2013

Gironde : deux chasseurs jugés pour avoir tué un chevreuil de nuit

Madame, cela me ferait vraiment plaisir que vous veniez voir comment ça se passe sur le terrain. » Le chasseur qui comparait à la barre ne se démonte pas et lance une invitation au conseiller-rapporteur de la 3e chambre des appels correctionnels. « Inutile, nous connaissons bien ce genre d’affaire », répond la magistrate. Le dossier, quel est-il ? Une histoire de braconnage qui n’en serait pas une à entendre les deux prévenus appelés, mardi, à comparaître pour avoir tué un chevreuil, en pleine nuit, sur le terrain d’autrui et sans le consentement du propriétaire.
Les faits remontent au 18 août 2011. Le chef de meute, qui possède une trentaine de chiens, affirme que l’un d’eux n’est pas rentré au chenil après une battue au sanglier le matin même. En début de soirée, il est donc parti à sa recherche avec un copain. Ils ont alors découvert un chevreuil blessé et l’ont achevé pour abréger ses souffrances. Mais voilà, la lueur des phares de leurs véhicules a attiré l’attention du propriétaire du terrain sur lequel ils se trouvent, à Lacanau-de-Mios. Ce dernier appelle les gendarmes de la brigade de Biganos qui se déplacent immédiatement et découvrent les chasseurs près de leurs voitures enlisées. Il est 22 h 50. Dans un des véhicules, les gendarmes aperçoivent une bâche en plastique recouvrant une forme pouvant être un animal. Les chasseurs expliquent qu’il s’agit de nourriture pour les chiens.
Mais les forces de l’ordre s’approchent et voient un pelage. Ils ouvrent la portière de la voiture et découvrent un chevreuil mort, atteint manifestement par une balle au niveau d’une patte arrière. « Nous n’avons pas tiré et, d’ailleurs, personne n’a entendu de coup de feu », se défendent les deux chasseurs.
L’animal a été retrouvé dans le véhicule d’un troisième larron, venu aider à tracter les voitures embourbées et dont les accusations ne plaident pas en faveur des deux chasseurs. Les constatations objectives des gendarmes sont également en totale contradiction avec leur version. Le fusil sentait encore la poudre. « Normal, je chasse tous les jours et je me déplace sur toute l’Aquitaine », répond le chef de battue. « Tout ce que vous avez fait est contraire à l’attitude d’un chasseur responsable », estime l’avocat général Éric Seguin, qui estime la décision du tribunal largement motivée.
« Les charges sont extrêmement légères, estime Me Pierre-Luc Receveur, pour l’un des deux prévenus. Un doute subsiste dans cette affaire et il n’existe pas d’élément probant pour dire que mon client a participé à une action de chasse illégale. » L’avocat plaide la relaxe pure et simple.
En première instance les prévenus ont été condamnés à 60 et 80 jours amende à 10 euros, des amendes contraventionnelles et unretrait du permis de chasser pour une durée de deux ans à l’encontre du chef de battue et d’un an pour son copain. La cour rendra son arrêt au mois de janvier prochain.

http://www.sudouest.fr/2013/11/13/juges-pour-avoir-tue-un-chevreuil-de-nuit-1227679-2921.php

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