La saison des cèpes est souvent prétexte à incidents divers entre cueilleurs, propriétaires ou gardes forestiers. Petit rappel de la législation pour tout savoir sur la question.
Il y a quelques semaines, nous relations la mésaventure d’un cueilleur de cèpes qui s’est fait «interpeller» dans un bois privé, à Castelvieilh, par des gardes forestiers. Il s’était alors indigné que les cèpes qu’il avait cueillis aient été saisis, suggérait presque que les gardes les aient conservés pour leur consommation personnelle et pestait contre une législation liberticide… Erick et Michèle Cusson, les deux gardes forestiers qui ont procédé au contrôle, ont souhaité s’en expliquer. Autant pour répondre au cueilleur, encore que, mais surtout parce que les commentaires qui ont suivi la publication sur internet étaient pour le moins «salés» à leur égard. «D’abord, il faut savoir que nous sommes des gardes des bois et forêts, nous sommes assermentés et nous intervenons à la demande de propriétaires privés.» En l’espèce, l’Association des propriétaires forestiers et agricoles de Bigorre, qui regroupe une grosse centaine de propriétaires, sur 11 communes (voir encadré). «Nous avons fondé cette association en 1998, pour faire cesser certains abus, détaille Jean-Luc Tharan, son président. Trop de gens venaient et pillaient littéralement nos bois, et il y avait des tensions.» Qui se sont apaisées depuis, à de rares exceptions près. Depuis des années, donc, il faut posséder une carte, 10 € l’année, ce qui est modique, délivrée par l’association, mais uniquement aux propriétaires et aux riverains. Les propriétaires se défendent d’un quelconque ostracisme. «C’est le seul moyen d’éviter les abus ; à une époque, certains venaient avec des fourgons. Alors que nous, ce qu’on voulait, c’était juste que l’on nous demande la permission, c’est juste une question de respect et rien d’autre. De toute façon, si on nous le demande, généralement, on accepte.»
Mais la politesse, de nos jours, est parfois oubliée et pour faire respecter le «droit de cueillette», l’association engage ces gardes privés au moment des pousses. «On vérifie si les gens ont les cartes, mais on n’est pas là pour réprimer, assurent Erick et Michèle Cusson. On fait surtout de la pédagogie et les procédures sont rares. Quand on voit une famille qui se promène et a ramassé deux ou trois cèpes, on ferme les yeux et on rappelle simplement la règle. Mais là, pour le cas du monsieur que nous avons interpellé, nous n’en étions pas là, ils étaient deux et avaient deux paniers pleins. Ils en ont d’ailleurs convenu et le contrôle s’est bien passé. Nous n’avons jamais menacé d’un procès-verbal, juste rappelé la loi, la cueillette dans un bois privé est passible d’une amende pouvant aller jusqu’à 750 €, et si les quantités dépassent 10 l, jusqu’à 3 ans de prison et 45.000€ d’amende. De toute façon, ce n’est pas nous qui décidons du montant, en cas d’infraction relevée. Nous transmettons au parquet du tribunal qui décide des suites à donner. Il faut savoir que la procédure peut se doubler d’une plainte pour vol, si le propriétaire le décide. Et, en l’espèce, nous n’avons même pas transmis, ce qui montre bien que nous faisons avant tout de l’information et de la pédagogie. D’autre part, nous avons bien remis les cèpes au propriétaire.» Un reçu en fait foi. Fin de l’histoire ? Pas sûr, certains commentaires injurieux sur internet pourraient faire l’objet de poursuites. «Ce sont des outrages», se désolent gardes et propriétaires, se demandant comment on peut en arriver là pour des champignons. Alors qu’il suffirait de demander poliment…
http://www.ladepeche.fr/article/2013/11/07/1747929-les-cepes-ne-sont-pas-a-tout-le-monde.html
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