mercredi 4 juin 2014

Accident de montgolfière : le pilote condamné

L’atterrissage avait coûté la vie à une septuagénaire à Feings le 19 août 2012. Le pilote de la montgolfière a été reconnu coupable de manquement.
Tribunal correctionnel de Blois
Ce voyage en montgolfière devait marquer en beauté un anniversaire de mariage, il a malheureusement tourné au drame. Les proches de Marie-Antoinette Hoffmann, la victime, étaient rassemblés hier dans la salle d'audience pour assister au procès du pilote de la montgolfière et de sa société, Air Magique. Trois autres passagers avaient été blessés au soir du dimanche 19 août 2012. Le groupe avait décollé de Chaumont-sur-Loire à bord de la plus grande montgolfière immatriculée au monde. Le ballon d'une envergure de 40 m avait embarqué 32 passagers sous la responsabilité de Jérôme, pilote expérimenté, et de son épouse qui faisait office de steward.
Comme l'a précisé dans son instruction des faits la présidente Maggy Deligeon, les conditions étaient bonnes en cette soirée estivale et le vol s'était bien déroulé. « Mais juste avant d'atterrir, la nacelle a rebondi sur le sol une première fois très violemment, Mme Hoffmann a été éjectée et sa tête a été heurtée par la nacelle, le ballon a rebondi deux autres fois avant de s'immobiliser sur le côté. La passagère, qui avait 72 ans, est décédée dans les minutes qui ont suivi, trois autres personnes ont été blessées. »
À la barre, le prévenu sobrement habillé d'un costume gris et d'une chemise blanche confirme que cette montgolfière avait été mise en service depuis seulement quelques jours. Il reconnaît qu'elle n'était pas encore inscrite officiellement dans la flotte de la société mais qu'elle était bel et bien certifiée. « Juste avant de me poser, j'ai subi une rafale de vent descendante, j'ai allumé le brûleur pour la contrer et ralentir la descente, puis j'ai ouvert le système de dégonflement rapide du ballon. Ce drame, j'y pense tous les jours et je suis désolé pour la famille de la victime mais j'ai tout fait dans les règles. »
« On ne vous reproche pas une erreur de pilotage mais de ne pas avoir pris toutes les précautions pour assurer la sécurité de vos passagers », précise la présidente. Comme avant tout vol en montgolfière, le responsable doit, en effet, faire un briefing complet en détaillant aux passagers l'ensemble des règles de sécurité, et en leur décrivant la façon de grimper dans la nacelle et de se positionner avant l'atterrissage. « Beaucoup des passagers indiquent qu'ils étaient trop serrés dans leurs compartiments, note la présidente du tribunal, or avant l'atterrissage, il faut se tenir accroupi, la tête baissée, vous pensez qu'ils avaient assez de place ? »

" Un manque flagrant de place "
Le rapport de la direction de la sécurité de l'aviation civile évoque « un manque flagrant de place » et estime que le pilote aurait dû emmener moins de passagers. « Les compartiments de la montgolfière faisaient la taille réglementaire, répond Jérôme, avant le décollage, j'ai montré les positions et j'ai vérifié que les personnes étaient en capacité physique d'effectuer ce vol. » Or la victime était corpulente et avait eu du mal à monter dans le 4x4 qui a emmené le groupe sur la zone de décollage. Un témoin affirme qu'elle aurait eu du mal à s'accroupir juste avant le rebond fatal.
Tour à tour, Me Sebaux, conseil de la famille Hoffmann, et Me Chevallier qui représentait un couple blessé, ont critiqué le pilote qui aurait failli à ses obligations, notamment en ne donnant pas assez d'informations à ses passagers. « Il était tendu et parlait d'un ton sec juste avant l'atterrissage. »

" En lien direct avec l'accident "
Pour la procureure de la République, Dominique Puechmaille, le prévenu « n'a pas suffisamment veillé à la sécurité de ses passagers et n'a pas vérifié qu'ils pouvaient tous s'accroupir, il y a là un manquement en lien direct avec l'accident. » Une peine de 4 mois de prison avec sursis et une amende sont réclamées.
Pour la défense du pilote, Me Garnault plaide la relaxe. « Mon client a fait ce qu'il avait à faire, il n'a pas commis de faute de pilotage et n'a pas voulu gagner de l'argent à tout prix en emmenant 32 passagers. » L'avocat relève que l'époux de la victime a indiqué que celle-ci était accroupie avant qu'il ne ferme les yeux sous la brutalité du choc.
Après délibéré, le tribunal a estimé que le pilote s'était rendu coupable de manquement aux obligations de sécurité et lui a infligé 6 mois avec sursis et 1.000 euros d'amende. Les demandes des victimes ont été acceptées.


http://www.lanouvellerepublique.fr/Toute-zone/Actualite/Faits-divers-justice

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