dimanche 30 novembre 2014

Nicole, Nathalie et Valérie se battent pour Roger

Une famille serait-elle victime de la marchandisation sans états d'âme ni humanité de la santé ? Elle en est convaincue en affirmant que leur époux et père en est la victime. Et elle le dénonce.
Depuis plusieurs mois, une famille castraise est en butte avec la logique «gestionnaire» d'une société en charge de soins à domicile. Elle a l'impression qu'elle «subit la pression», pour qu'elle accepte que «l'on se débarrasse d'un malade parce qu'il coûte trop cher». «Malentendus», plaide l'entreprise en question qui a décidé de rencontrer la famille dès lundi.

Une tumeur cérébrale

Dans la lueur d'une télévision, son regard vif atteste toujours de son caractère bien trempé : aphasique et paralysé, allongé dans son lit de souffrances, Roger lutte. Atteint d'une tumeur cérébrale depuis janvier 2012, Roger Juan, que peu de Castrais méconnaissent, a pu rester à son domicile auprès des siens, en particulier son épouse Nicole (74 ans), grâce à une hospitalisation à domicile. Les soins sont prodigués par une société spécialisée et quasiment éponyme HaD France : Hospitalisation à domicile France.
On s'en doute, et ce ne sera point lui faire outrage, celui qui fut l'un des acteurs omniprésents de l'athlétisme castrais depuis 1956, l'ancien champion du Maroc de 10 000 m, n'est certes plus que l'ombre de lui-même… au plan physique. Mais, l'homme, reste, et s'accroche. Les présences de sa femme, de ses filles Nathalie et Valérie, comme des autres membres de la famille, celle aussi de ses nombreux amis, n'y sont pas étrangères. Pas plus que celle, indispensable, des personnels de santé qui l'accompagnent quotidiennement sur ce chemin de la résistance et de la dignité. Pourtant, sur ce dernier chapitre, selon la famille, depuis quelque temps déjà rien ne va plus !

Une lettre recommandée

À tel point que Nicole vient d'adresser un courrier en recommandé au siège national HaD, avec copies au ministère de la Santé, à l'Agence régionale de la santé, à la direction CPAM, à l'Union des consommateurs (UFC), et à la députée Linda Gourjade.
«On ne traite pas ma mère ni mon père avec humanité, s'insurge Nathalie. Les méthodes qu'ils utilisent s'apparentent à un véritable harcèlement moral. L'agence castraise fait pression sur ma mère pour ne plus prendre en charge mon père, et le «refiler», - passez-moi l'expression - à l'UMT. Par ailleurs, pour ma mère, cela signifierait des charges financières qu'elle ne pourrait pas assumer.»
Et l'épouse de Roger de décrire : «En plus de cette pression, dans mon courrier je dénonce des dysfonctionnements anormaux, qui valent pour nous comme pour d'autres patients sans doute : sans aucun égard pour moi, les horaires d'interventions peuvent varier d'un jour à l'autre, m'empêchant parfois de prendre mes propres rendez-vous chez des médecins ; depuis 2013, j'ai vu passer 14 aides-soignantes différentes, 3 infirmiers, 5 infirmières, dont certains épuisés, dégoûtés… qui ont fini par démissionner. On dirait que le seul souci, c'est le rendement, sans se soucier du malade, de la famille, et des personnels.»
«Vous vous rendez compte que pour économiser des aiguilles de seringues, on ne nous a laissé que des cathéters ?! Cela a fait hurler notre médecin traitant, affirme la fille. De même, un appareil aérosol lui a été ôté sans autorisation médicale, mais toujours par économie. En tout cas, ce fut dit tel quel à ma mère, sans aucune retenue !»

http://www.ladepeche.fr/article/2014/11/30/2001903-nicole-nathalie-et-valerie-se-battent-pour-roger.html

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