La simple évocation de son nom faisait hausser les épaules de bon nombre de policiers, résignés, tant il leur semblait insaisissable…
Ce lundi 30 mars s'est ouvert, devant la 16e chambre correctionnelle du tribunal de Paris, le procès de Ahmed Kachour et de trois de ses complices, poursuivis pour un vaste trafic de stupéfiants.
Deux autres comparses de cette équipe de trafiquants présumés sont en fuite.
Dans le box des prévenus, Ahmed Kachour, 38 ans, père de quatre enfants, grimace régulièrement. Non pas irrité par les questions - pourtant pertinentes - du président mais plutôt gêné par l'inconfort de la prothèse qu'il porte à la jambe gauche depuis maintenant plus de 10 ans.
Amputé de ce membre inférieur après un accident de moto, l'homme lutte avec la douleur, sous le feu des relances du magistrat. A la question de savoir pourquoi il s'est mis en cavale, au printemps 2012, après une condamnation à 6 ans de prison, déjà pour trafic de stupéfiants, Ahmed Kachour répond sans se démonter : «C'est dur la vie en prison quand on est handicapé, donc j'ai pris la fuite».
Chemise noir et crâne rasé, celui qui est également connu sous le surnom de "Paquet", sait qu'il risque gros. En état de récidive, il encourt la peine de 10 ans de réclusion.
Un Glock 9mm dissimulé dans le lace-vaisselle
Le 15 janvier 2013, alors qu'il a trouvé refuge dans un studio, situé impasse d'Oncy à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), il voit débarquer les enquêteurs de l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS). «C'est moi qu'il leur ait ouvert la porte, tient à préciser le prévenu, avec ses faux airs de l'acteur américain Vin Diesel. Je leur ai aussi tout de suite dit que j'avais une arme dissimulée dans le lave-vaisselle». Les policiers saisissent effectivement un Glock 9 mm au numéro de série limé, ainsi que ses deux chargeurs approvisionnés. Les policiers de l'OCRTIS, qui avaient fait de "Paquet" un de leurs objectifs prioritaires, étaient «très bien renseignés» comme le souligne le prévenu.
Lui, comme ses complices, ne semble pas croire au «renseignement anonyme» qui aurait mis les policiers sur leur piste. Ces derniers avaient étaient «alertés», dès le mois d'octobre 2012, de l'existence de ce réseau de trafiquants présumés, opérant entre le Val-de-Marne, les Hauts-de-Seine et l'Essonne. Leur mystérieux informateur avait précisé que Ahmed Kachour organisait un trafic de cannabis avec l'aide de trois complices, depuis son logement de Vitry-sur-Seine.
Le 6 janvier 2013, les enquêteurs, spécialisés dans la lutte contre le trafic de stupéfiants, avaient encore reçu une précieuse information, indiquant que le principal commanditaire de ce trafic venait de réceptionner une importante quantité de haschisch. Au cours de la perquisition d'un box, situé dans un parking souterrain d'un immeuble à Massy (Essonne), les policiers avaient mis la main sur près de 800 kg de résine de cannabis, entreposés dans une Citroën C5. Sur la drogue, plusieurs logos avaient été apposés tels que "RTT 25", "RGH" ou bien encore "Nokia 1,5". Un pistolet-mitrailleur Sten et un colt de calibre 38 avaient également été découverts. L'homme chargé de répartir la drogue sur différents points de deal avait été interpellé au mois de mars 2013, après être parvenu, dans un premier temps, à fausser compagnie aux policiers.
«3 000 € par mois» pour les «livraisons»
Présent dans le box des prévenus aux côtés de Ahmed Kachour, Mamadou Coulibaly, 28 ans, originaire de l'Hay-les-Roses (Val-de-Marne) se contente souvent de réponses monosyllabiques face aux questions du tribunal. Lorsque le procureur lui demande combien il avait perçu pour ses services, le suspect concède qu'il touchait «3 000 € par mois». «Et c'était le même prix si vous livriez 2 kg ou 10 kg de cannabis ?», interroge encore le magistrat. «Oui, le prix avait été fixé au départ avec mon donneur d'ordre, c'était comme ça», soutient Mamadou Coulibaly, qui ne révèle rien de l'identité de son commanditaire. Le même homme effectuait ses «livraisons», dès potron-minet, au volant d'une petite Citroën C2, tandis qu'un autre complice circulait, lui, au volant d'une C3. Le recours à ces véhicules de la marque aux chevrons, pour le moins discret, avait valu à cette équipe le surnom de "gang des Citroën".
«J'attends toujours qu'on me prouve mon implication dans ce dossier !» s'emporte Ahmed Kachour avant d'être rappelé à l'ordre par le président. «Moi, j'assume quand je fais quelque chose. Là, je n'ai rien à voir dans ce trafic», soutient-il encore. «Et pourquoi étiez-vous armé ?», demande le président. «A la suite d'une agression par des petits jeunes, rétorque Ahmed Kachour. J'allais pas porter plainte alors que j'étais en cavale. S'il s'était encore passé quelque chose, je ne me serais pas laisser faire. J'aurais tiré, oui», assure tout de go le prévenu. Le président évoque ensuite la montre de luxe saisie au poignet du prévenu. «Vous aviez une Audemars-Piguet d'une valeur de plusieurs milliers d'euros, comment vous l'êtes vous procurée ?», interroge le magistrat. «C'est un cadeau d'un ami dont je ne veux pas citer le nom, relate Ahmed Kachour. C'est quelqu'un de médiatique. C'est un footballeur de l'équipe de France. Je connais beaucoup de joueurs de foot professionnels, via des amis qui sont agents de joueurs».
Les débats se poursuivent ce mardi 31 mars. Le délibéré devrait être prononcé mercredi soir.
http://www.leparisien.fr/faits-divers/paris-le-gang-des-citroen-et-leur-800-kg-de-cannabis-devant-la-justice-31-03-2015-4652497.php
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