Elle a requis une peine de dix-huit mois d'emprisonnement avec sursis et une interdiction d'exercer durant deux ans à l'encontre du médecin.
Maxime Walter avait été admis aux urgences du CHU de Strasbourg-Hautepierre le dimanche 21 septembre 2008 après une chute à vélo survenue dans la forêt du Neuhof lors d’un entraînement, en compagnie de son père et de ses coéquipiers du VCU Schweinheim.
Victime d’une fracture de la rate de grade 4 (sur une échelle de gravité allant jusqu’à 5) entraînant une importante hémorragie interne, le garçon était mort deux jours plus tard, après avoir manifestement beaucoup souffert.
Les choix thérapeutiques du chirurgien d’astreinte, défavorable à la splénectomie (ablation de la rate) qui n'a été réalisée que quelques heures avant le décès, et son entêtement, ont été évoqués au cours des débats.
Dans son réquisitoire, Morgane Robitaillie a souligné que le chirurgien a privé Maxime Walter de toute chance de survie en ne se déplaçant pas rapidement au chevet du patient alors qu’il était d’astreinte, puis en «persistant dans un choix qui n’était pas le bon», celui de ne pas opérer le malade pour lui enlever la rate.
L’opération, «devenue nécessaire pour éviter le décès», a «été pratiquée beaucoup trop tard», a estimé la représentante du parquet, s’appuyant sur les conclusions des experts.
Pour la procureure, le Dr Raphaël Moog a commis «des négligences» constituant une «faute caractérisée».
« Je suis désolé »
Alors que le chirurgien avait réfuté toute faute au début du procès, il s'est adressé en fin d'audience à la famille du jeune cycliste et lui a fait part, pour la première fois, de ses «regrets».«Je suis désolé de ne pas avoir pu sauver Maxime... Si c’était à refaire, je l’opérerais, mais comment revenir en arrière? », a-t-il déclaré aux parents de Maxime Walter qui se sont battus pendant des années pour que ce procès ait lieu.
L'avocat du praticien de 46 ans, Me Bernard Alexandre, a plaidé la relaxe estimant que l'homicide involontaire n'était pas constitué. Il a demandé au tribunal de ne pas prononcer une interdiction même temporaire qui équivaudrait à une «peine de mort professionnelle».
Me Bernard Alexandre a souligné que le chirurgien n’avait pas été contacté dans la soirée par l’équipe restée au chevet de Maxime, et qu’avant minuit personne ne l’avait donc averti de l’état très alarmant du malade.
«Tout ce qui s’est passé dans la soirée, c’était à l’insu du Dr Moog. Personne ne l’a appelé, et il devrait être aujourd’hui pénalement responsable?» a demandé l’avocat. Le prévenu «ne se défausse sur personne», mais cette affaire montre que «dans l’organisation de l’hôpital il y a eu un magistral loupé», selon lui.
Un anesthésiste et une cardio-pédiatre, présents dans le service ce soir-là, ont d’ailleurs mis été en examen dans ce dossier, avant de bénéficier d’un non-lieu.
Au terme de ce procès de trois jours, l'affaire a été mise en délibéré au 23 avril.
http://www.dna.fr/actualite/2015/04/01/requis-contre-le-chirurgien
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