«C'est un sacré coup de tonnerre», commente (non sans gourmandise) un opposant local. «Je suis blindé, je suis en carbure de tungstène», rétorque Franck Briffaut, alors que le rapporteur public vient de recommander au conseil d'Etat l'annulation de l'élection du maire FN de Villers-Cotterêts (Aisne) en mars 2014.
Un gros caillou dans la chaussure de ce bon soldat du parti à la flamme, leader du FN dans l'Aisne, qui a conquis la ville d'Alexandre Dumas, avant de se faire élire conseiller départemental du canton un an plus tard. Une tache dans ce département modèle de la percée frontiste qui, après l'avoir gratifié de scores canons aux européennes de 2014 et aux départementales de mars dernier, permet au FN de rêver d'une victoire en Nord-Pas-de-Calais-Picardie aux régionales de décembre.
Tout est parti du recours déposé par deux habitants de Villers-Cotterêts. Selon ces derniers, Briffaut n'y réside pas, pas plus qu'il n'y paie d'impôts, comme le requiert pourtant la loi pour tout candidat à des fonctions municipales. En première instance, le 10 octobre dernier, le tribunal administratif d'Amiens avait rejeté leur plainte. Le rapporteur public vient au contraire de retenir que Franck Briffaut a déménagé en 2010, dans la commune voisine d'Haramont, et qu'il n'a depuis plus payé de taxes à Villers.
«Il a sciemment joué avec les limites de la loi»
«On va donner les éléments pour se défendre», avance le principal intéressé, joint par Leparisien.fr. Il le jure, tout est en règle. Sa résidence à Villers? Une chambre dans la maison de ses beaux-parents. «15m² sans commodités», pointent ses opposants. «Ils ne sont jamais venus, réplique le frontiste. C'est un lieu de travail, qui me permet d'être sur place et de faire des breaks.» Pour preuve de sa bonne foi, il précise avoir «déclaré par deux fois cette location aux services fiscaux».
«Franck Briffaut a sciemment joué avec les limites de la loi», tacle un bon connaisseur du dossier, qui confie que le rapporteur public s'est «tâté» à requérir l'inéligibilité de l'élu frontiste. Il ne l'a finalement pas retenu, mais dans l'Aisne plusieurs de ses adversaires soulignent qu'il n'est pas exclu que le conseil d'Etat statue tout de même en ce sens. Une telle décision décapiterait le FN dans ce département devenu «une zone de force», comme on dit au siège du parti à Nanterre (Hauts-de-Seine). «C'est l'occasion de relever la tête, une opportunité de laver l'affront», souffle un ancien élu socialiste, «humilié» par l'élection du frontiste.
Le délibéré du conseil d'Etat, qui suit le plus souvent l'avis du rapporteur public, pourrait être rendu d'ici deux à trois semaines. «Ça va aller vite», confirme Briffaut. Militant lepéniste historique, chantre de l'implantation locale qui a patiemment creusé son sillon dans ce département déshérité, il «attend sereinement». «Je suis un vieux soldat. Je continuerai le combat, on ne m'arrêtera pas», prévient-il. Cet ancien sous-officier parachutiste consacre sa vie au Front national, avec cet objectif : accompagner son parti vers «une prise de pouvoir au niveau global». Si conseil d'Etat suit le rapporteur, il pourrait trouver sous peu un gros obstacle sur sa route.
http://www.leparisien.fr/politique/l-election-du-maire-fn-de-villers-cotterets-pourrait-etre-annulee-18-04-2015-4704965.php
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