vendredi 30 décembre 2011

Dégradations à la gare

Un cheminot, bientôt retraité, passe un coup de gueule. Le patrimoine de son entreprise est laissé à l'abandon. Les pilleurs en profitent.

IL N'Y VA PAS par quatre chemins, Jean-Claude Discazeaux. Cet agent de la SNCF est « écœuré », « scandalisé », « agacé ». Et il en veut particulièrement à sa hiérarchie. Mais qu'est-ce qui met donc dans cet état ce cheminot bientôt retraité ? « Je ne travaillais pas, en fin de semaine dernière et je suis passé à côté de la gare quand j'ai vu que la maison était ouverte », explique celui qui est connu aussi sous le surnom de « Dax ».
La maison, c'est une grande bâtisse de pierre à 100 mètres de la gare, derrière les parkings, dans le prolongement de celle où un SDF avait péri dans un incendie. Une habitation coupée en deux qui servait, il y a encore un an, de logement de fonction aux agents SNCF. Quand le dernier occupant des lieux a pris sa retraite, il a été prié de quitter les lieux rapidement. Depuis, ce patrimoine immobilier est à l'abandon.


Des radiateurs prêts pour être revendus
« Je suis allé voir par moi-même pourquoi c'était ouvert. Et là, j'ai vu qu'à l'intérieur, tout était démonté, tous les fils électriques arrachés. Tous les radiateurs en fonte proprement démontés, stockés dans l'entrée, prêts à partir et à être revendus. Quant au cuivre, il est déjà parti ! », gronde le cheminot.
L'ancien délégué du personnel FO, qui a laissé sa place de syndicaliste avant de partir, bout : « Tout le monde s'en fout ! Mes patrons gardent leurs chaussons au pied et passent les fêtes ! C'est un scandale de laisser ces maisons, en partant du buffet de la gare jusqu'à celles-ci, à l'abandon, de laisser partir le patrimoine comme ça. Et nous, quand on a besoin d'une paire de gants, on doit pleurer ! »


« C'est trop loin »
Pour cet agent qui travaille sur les voies, le volet sur la sécurité dans ce dossier est négligé par sa hiérarchie. « Les rails passent juste derrière en aplomb. » Quand il a constaté les dégâts, en fin de semaine, Jean-Claude Discazeaux a appelé la police « et la police SNCF ». La première s'est déplacée sur les lieux. La venue des fonctionnaires et de Dax a fait fuir deux squatters dans un appartement. « Vous imaginez si quelqu'un jette quelque chose sur la voie ? »
La seconde ne s'est pas déplacée : « " On n'a personne à vous envoyer, c'est trop loin ", qu'on m'a répondu. Il n'y a rien qui va… Dans la gare, il n'y a plus de chauffage, mais dans les anciens bureaux, qui sont vides maintenant, il y en a ! »
Ces anciens bureaux, ce sont des bâtiments situés à côté de l'ancien buffet : « Regardez à quoi ça ressemble. Quelle image on a de la ville quand on arrive de Paris ? D'abord ces logements vides, en friche, ensuite ces bureaux fermés et enfin le buffet de la gare avec ses fenêtres fermées par du contre-plaqué. Que font nos élus de Belleu et de Soissons ? »
Le directeur de cabinet du mairedéclarait récemment, à la faveur d'un vœu au conseil municipal, ceci : « L'objectif pour nous est de trouver et de rencontrer les bons interlocuteurs dans la " nébuleuse " de filiales de RFF pour travailler sur la requalification de ce lieu de passage intense, son intégration dans l'environnement et connaître les projets éventuels de la SNCF et de RFF. » Pendant ce temps, certains se servent.

http://www.lunion.presse.fr/article/faits-divers/degradations-a-la-gare

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