Le célèbre gynécologue de Neuilly Patrick Sibella a été déclaré responsable de graves négligences à l’origine de la mort d’une patiente. Hier, après trois jours de procès en novembre dernier, la cour d’appel de Versailles a rendu sa décision à l’encontre du médecin et de son collègue anesthésiste, Didier Bouquiaux. Les magistrats ont condamné le docteur Sibella à trente mois d’emprisonnement avec sursis, ainsi qu’à une amende de 20000 €. Ce médecin, qui a notamment suivi l’accouchement de la mère de Jean Sarkozy, est aussi sous le coup d’une interdiction définitive d’exercer la profession de chirurgien-obstétricien. L’anesthésiste écope, quant à lui, de neuf mois de sursis et de la même amende.
C’est la troisième fois que les deux hommes répondaient de la mort de Sophie Porte, décédée en 1998 après avoir mis un enfant au monde à la clinique Sainte-Isabelle de Neuilly-sur-Seine. Car après sa condamnation, en 2007, par le tribunal correctionnel de Nanterre, Patrick Sibella avait fait appel. Rejugé à Versailles, il a été de nouveau condamné, comme son collègue. Mais une erreur de procédure s’est traduite par un troisième procès. A moins que le docteur Sibella déniche une nouvelle faille pour saisir la Cour de cassation, ce procès devrait être le dernier. Le docteur Sibella n’a pas dit un mot hier après l’énoncé du jugement, ni laissé paraître la moindre émotion sur son visage. Comme au fil de ses procès, quand il tentait de justifier son départ trop rapide de la clinique Sainte-Isabelle après l’accouchement délicat de sa patiente. En ce début d’après-midi du 7 mai 1998, Sophie Porte donne difficilement naissance à un bébé de 4,7 kg. Rapidement, elle est prise de saignements. Son accoucheur et l’anesthésiste prescrivent des examens sanguins. Puis, laissant la jeune mère, chacun quitte la clinique pour vaquer à ses occupations. Le gynécologue file à son cabinet, situé en ville, pour ses consultations privées. L’anesthésiste se rend sur un parcours de golf et éteint son téléphone portable.
Pendant ce temps, l’état de Sophie s’aggrave. L’infirmière tente vainement de joindre les médecins. Quand l’anesthésiste et le gynécologue reviennent enfin à la clinique, il est trop tard. Leur patiente a succombé aux suites de l’hémorragie. Digne, le mari de la victime a paru soulagé. « La peine est exemplaire », selon son avocate. Le gynécologue, 61 ans, et l’anesthésiste, 64 ans, doivent également verser plus de 150000 € au mari de la victime et à leurs deux enfants. L’enfant né de cet accouchement mortel, âgé maintenant de 13 ans, a du mal « à se construire », comme le soulignait l’avocate de la famille lors du dernier procès.
http://www.leparisien.fr/nanterre-92000/le-gynecologue-de-neuilly-ne-pourra-plus-exercer-16-02-2012-1863332.php
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