Aurélie Dauvin, l'enseignante aveugle du lycée de Sévigné qui avait porté plainte le 23 février suite à une agression dont elle se disait être victime, et qui avait été placée en garde à vue pour dénonciation mensongère, a été relaxée, hier, par les juges du tribunal correctionnel de Charleville-Mézières.
L'épilogue de cette affaire où un prof non voyant du lycée Sévigné avait porté plainte le 23 février pour agression s'est écrit, hier, devant les juges du tribunal correctionnel de Charleville-Mézières.
Aurélie Dauvin a été, purement et simplement, relaxée. L'infraction de dénonciation mensongère à une autorité judiciaire entraînant des recherches inutiles, qui était reprochée à l'ancien prof de français du lycée carolo, a été balayée d'un revers de main par les magistrats, qui ont suivi la demande de l'avocat de la défense, lequel a souhaité rétablir l'honneur de sa cliente.
Dans ce dossier, Me Franck Dymarski, le dauphin du barreau des Ardennes, a gagné une bataille en développant une plaidoirie marquée par le bon sens. « Le tribunal a estimé qu'il n'y avait pas suffisamment d'éléments dans ce dossier pour condamner ma cliente. Lorsqu'on n'a pas de certitudes, le doute revient à l'accusé », a lancé l'avocat de la défense à l'issue du délibéré, regrettant, lors de sa plaidoirie, l'obstination et le travail bâclé des policiers.
« Ils n'ont pas cherché à savoir si ma cliente disait la vérité. Ils n'ont fouillé l'enquête. Elle a dit que quelqu'un l'avait bousculée et lui avait tiré les cheveux. Elle n'a dénoncé personne. Pourquoi les enquêteurs n'ont-ils pas cherché à savoir si les faits n'ont pas été commis par un ou des élèves qui voulaient s'amuser ou faire une plaisanterie de mauvais goût ? Vous savez, les élèves ne sont pas toujours charitables. Ils peuvent se dire : elle ne voit pas, on peut y aller. Des faits similaires se sont déroulés avec des profs non voyantes dans d'autres lycées de France. Cette affaire et notamment sa médiatisation ont hérissé le poil des responsables du rectorat, qui ont cherché à la mettre en cause. On a dit qu'elle a fait ça pour obtenir sa mutation auprès de son compagnon, qui réside à Nancy. C'est ridicule car, le 24 février, soit le lendemain des faits, elle a reçu un mail qui a été confirmé quelques jours plus tard par un courrier qui précisait sa mutation dans un lycée à Nancy. Elle n'avait aucun mobile pour dénoncer une agression. Par ailleurs, le jour où elle se fait agresser, elle dit à son proviseur qu'elle veut rentrer chez elle. La responsable de l'établissement a mis ma cliente dans un taxi qui l'a conduite directement au commissariat. Je comprends qu'elle puisse en vouloir à sa direction ! », a encore soutenu Me Dymarski.
L'avocat carolo avait, dès le début de sa plaidoirie, mis en doute les certitudes du parquet. En effet, la substitut a requis six mois de prison assortis de sursis en confirmant le travail d'enquête des policiers. « Il y a dans cette affaire des éléments concrets qui ont démontré assez rapidement qu'il s'agissait de dénonciation mensongère. » Une toute nouvelle magistrate qui en était à sa première relaxe en audience correctionnelle.
Les faits se sont déroulés le 23 février. Aurélie Dauvin, une enseignante non voyante du lycée Sévigné de Charleville-Mézières, était agressée dans les couloirs de l'établissement : manteau déchiré, queue-de-cheval tirée, sac ouvert et fouillé. Le matin même, une plainte avait été déposée par Mme Dauvin. L'auxiliaire de vie scolaire chargée d'assister Aurélie Dauvin dans l'enceinte scolaire et l'infirmière ont été entendues par les policiers. Les films enregistrés par les caméras situées à l'entrée du lycée ont également été visionnés.
Cette professeur de français s'était, par ailleurs, émue du « manque de soutien » de ses collègues et de sa hiérarchie, précisant ne pas avoir apprécié de devoir se rendre seule au commissariat afin de déposer plainte. Toujours « marquée par l'agression », l'enseignante, qui avait reçu trois jours d'ITT, avait hésité à reprendre son travail à l'issue des vacances scolaires.
Pour sa part, la proviseur du lycée, Danièle Andrey, contestait vigoureusement le manque de solidarité dénoncé par son professeur.
Dès les premières heures de l'enquête, les policiers étaient demeurés prudents quant à la véracité des faits dénoncés. À l'époque, ils avaient été étonnés par la volonté de la victime et son entourage de médiatiser les faits. Les enquêteurs étaient convaincus - en effectuant un travail de mauvaise qualité, a jugé hier le tribunal - que la professeur de lettres avait inventé le récit de son agression car il y avait beaucoup de contradictions qui avaient été relevées dans les dépositions de la plaignante.
Sur la base des contradictions de l'enseignante, elle avait été placée en garde à vue pour dénonciation calomnieuse.
Aurélie Dauvin était ressortie libre du commissariat de Charleville-Mézières avec une convocation devant le tribunal. Hier, elle a donc été relaxée. L'avocat avait, au début de l'audience, excusé l'absence à la barre de sa cliente, affectée à la rentrée scolaire à Nancy, où elle enseigne le français dans un lycée.
http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/denonciation-mensongere-la-prof-aveugle-relaxee
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