Lorsque finalement Sophie s’avance à la barre, on comprend immédiatement que le dossier va tourner court. Entourée de son avocat et d’une représentante de l’Udaf de Saône-et-Loire, elle a du mal à saisir les propos de la présidente Wirtz, qui pourtant fait tout son possible pour ne pas l’effaroucher une nouvelle fois. D’une voix calme et bienveillante, elle tente de se faire expliquer le déroulement de ce subit excès de violence.
Le 16 novembre 2012, la juge des tutelles de Chalon-sur-Saône annonce à cette femme de 38 ans qu’elle doit justement être placée sous tutelle. Retardée mentale, très mal conseillée par ses parents, elle ne supporte pas la situation. Elle jette soudain un pot de crayons à la tête de la juge, éparpille tous les dossiers du bureau, puis attrape la magistrate par les cheveux et lui cogne plusieurs fois la tête sur le bureau. Elle sera maîtrisée avec bien du mal par la greffière et des personnels arrivés à la rescousse.
Une lettre d’excuse
Quelques jours plus tard, elle envoie, avec ses mots à elle, une lettre d’excuse. « Ce que j’ai fait, c’était mal ! », dira-t-elle benoîtement à la présidente. L’expertise psychiatrique révélera une altération du discernement, tout en notant une faible dangerosité.Me Duchanoy, pour la partie civile, sera d’une brièveté exemplaire, mentionnant simplement « que la juge faisait son travail et était surtout là pour l’aider ». Le procureur Chemin tentera lui aussi de dépasser, par des mots justes mais fermes, cette étrange naïveté et béatitude inondant ce visage qui le scrutait sans réellement tout comprendre.
Me Varlet, du barreau de Chalon, rendit hommage à cette juge, très appréciée pour justement ses qualités humaines et professionnelles. « Les faits sont à la fois graves et désagréables. Mais ils peuvent s’expliquer par une situation psychologique évidente. Elle ne sait ni lire, ni écrire et n’avait jusqu’alors aucune autonomie. Aujourd’hui, la tutelle qu’elle redoutait tant se passe très bien ».
Néanmoins accessible à une peine pénale malgré son état psychique, le tribunal l’a condamnée à 4 mois de prison avec sursis et à verser 500 euros de dommages et intérêts à sa victime.
http://www.bienpublic.com/cote-d-or/2013/04/13/le-creusot-elle-avait-agresse-sa-juge-des-tutelles
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