lundi 1 juillet 2013

Braquages à Auch : deux éducateurs interpellés

Vendredi matin, en séance du Conseil général, le président, Philippe Martin, demande aux élus de supprimer la délibération n° 2 402. Ceux-ci auraient dû voter une aide de 135 000 euros au club de prévention sociale Le Relais. Expliquant sa demande de report du vote, Philippe Martin lâche : « J’ai de bonnes raisons pour cela. »
Pour le moins. Il savait donc, à ce moment-là, que deux éducateurs et une jeune de ce club venaient, la veille - jeudi à midi - d’être interpellés dans le cadre de l’enquête sur les braquages à Auch des 21 et 23 juin dernier. Trois personnes du Relais sont impliquées dans, au moins, l’un des trois vols à main armée de ces jours derniers.

Samedi, à l’issue de 48 heures de garde à vue, deux des trois éducateurs spécialisés du club Le Relais, un homme et une femme, ont été placés sous contrôle judiciaire par le juge d’instruction du Parquet d’Auch. Le jeune homme, lui, a été placé en détention provisoire à la prison de Mont-de-Marsan après avoir été présenté au juge des libertés.
Revenons sur le déroulement des faits. Vendredi 21 juin à 9 h 30, un jeune homme braque une arme sur la caissière du magasin Shopi de la rue de Lorraine, exigeant la caisse.
Quelques minutes plus tard, vers 10 heures, un signalement similaire est donné aux policiers. Un homme, jeune et mince, commet le même délit au bureau de tabac du quartier Le Garros. La police auscitaine débute ses recherches par une classique enquête de voisinage. Les policiers se rendent dans les locaux du club Le Relais, qui intervient essentiellement dans les quartiers de La Hourre et du Garros. Ils interrogent les deux éducateurs présents qui affirment : « Nous n’avons rien vu ».
Or, l’enquête démontre aujourd’hui le contraire. Selon le parquet d’Auch, les deux éducateurs auraient vu un jeune fréquentant le centre cacher une arme dans leur bureau. Ils auraient vu l’endroit exact où elle avait été dissimulée.
Pour l’autorité judiciaire, les éducateurs ne pouvaient ignorer le lien entre l’arme et les braquages (ou l’un des trois). Le Parquet pourra considérer qu’ils ont sciemment aidé le ou les braqueurs puisque l’arme est ensuite ressortie de leur bureau.
En effet, le jeune homme, placé aujourd’hui en détention, l’aurait récupérée dans le bureau pour la cacher ailleurs. Sachant qu’un troisième vol à main armée s’est déroulé le surlendemain, dimanche 23 juin, à 23 h 15 au restaurant Quick de la route de Tarbes. Commis ou pas par les mêmes auteurs.
Reste que posséder ou utiliser un objet fruit d’un vol ou ayant servi à celui-ci relève du chef de recel. Sans compter que les éducateurs ont une mission d’éducation vis-à-vis de jeunes en marge de la société ou manquant de repères. Ils sont poursuivis pour recel d’objet provenant d’un délit, passible de trois ans d’emprisonnement. Ils ont interdiction d’exercer leur profession.
Le club de prévention sociale Le Relais est géré par l’Association départementale de la sauvegarde de l’enfant et de l’adulte (ADSEA), présidée par Didier Dupront, maire de Gondrin (1). C’est donc à ce titre que l’association est subventionnée par le Département qui a la charge de l’Aide sociale à l’enfance. La mission de prévention sociale consiste à « organiser, dans des lieux ou des zones sensibles, des actions collectives visant à prévenir la marginalisation et à faciliter l’insertion des jeunes » (2).
En 2012, Le Relais a accueilli 159 jeunes, de 12 à 17 ans. Le club a mené plusieurs actions, notamment du soutien scolaire trois soirs par semaine au Centre social du Garros. L’équipe a également organisé des chantiers d’été pour 16 jeunes.
Au total, cinq personnes ont été interpellées jeudi midi. L’enquête sur les braquages d’Auch se poursuit. Elle devra, notamment, déterminer si ceux de Shopi et du bureau de tabac du Garros, commis par un homme seul, sont liés à celui du Quick, commis par deux hommes.
(1) Dimanche soir, Didier Dupront, n’ayant pas tous les éléments officiels, n’a pas souhaité s’exprimer.
(2) Selon le document du Conseil général. La Communauté d’agglomération du Grand Auch finance 15 245 euros.

http://www.sudouest.fr/2013/07/01/braquages-deux-educateurs-interpelles-1101673-2277.php

Aucun commentaire: