«L’accident a lieu à la date anniversaire». Le président Roussel donne le ton, hier, d’une audience correctionnelle cernée par le chagrin. Thomas L., jeune chef d’entreprise de 23 ans, comparaissait pour avoir causé un accident de la route, avec un camion benne en surcharge, le 9 juillet 2013 à Fonsorbes. Cet accident, tragique, a coûté la vie à un motard de 21 ans, Jérémy qui se rendait à son travail. Il était dessinateur. Il avait l’habitude de circuler sur un deux-roues depuis l’âge de 16 ans. Ses amis assistent à l’audience, avec des tee-shirt à son effigie.
Paroxysme dans le drame, le président signale justement qu’à cette même date, deux ans auparavant, Thomas a également provoqué un accident mortel de la circulation. «J’essaye de comprendre ce qui s’est passé. J’ai regardé avant de tourner. Je n’ai pas vu qu’il y avait quelqu’un sinon je n’aurai jamais pris l’initiative de passer. Je sais que c’est grave, surtout pour la famille. Je vis un vrai cauchemar. C’est la même date, deux ans jour pour jour. C’est impossible», raconte, effondré, le jeune homme à la barre.
Le père de la victime fait entendre son mécontentement et sa colère : «On ne comprend pas qu’il ne puisse pas expliquer ce qui s’est passé. Ici, il n’y a que nous qui avons le droit de pleurer». L’avocate bordelaise, qui assiste la famille, Me Amélie Sadeghian, rappelle : «La famille est bouleversée. Ce drame perturbe son équilibre : Jérémy a un frère aîné handicapé. Il avait besoin de lui».
Deux ans de prison requis
Le procureur Francis Boyer se lève et marque un silence complet. La salle l’accompagne. «Juste quelques instants de silence pour m’associer à la douleur de la famille. Je suis persuadé que c’était un jeune homme fort sympathique. Je souhaite que vous trouviez la sérénité avec l’immensité de la douleur qui ne s’effacera jamais. Jamais personne ne vous le rendra».Il requiert deux ans de prison dont un an avec sursis et mise à l’épreuve. Il sollicite l’annulation du permis ainsi que l’interdiction de le repasser pendant trois ans. Il souligne, aussi : «Le conducteur n’avait consommé ni drogue, ni alcool, ni commis aucune infraction dangereuse».
L’avocat de cet homme, Me Georges Catala vient à son tour glacer le sang : «Lorsque le drame rentre dans le prétoire, je crois qu’il appartient à chacun de respecter les douleurs. Et en même temps, il faut suggérer au tribunal de prononcer une bonne justice. De part et d’autre, ce sont deux bonnes familles. Et au milieu : c’est la fatalité. C’est un cas cristallin d’un fait involontaire». Aux yeux de la défense, la prison n’est pas envisageable. «Cette faute involontaire n’a pas été souillée. Alors cette faute mérite-t-elle la prison ferme ?»
Décision le 10 février.
http://www.ladepeche.fr/article/2014/01/28/1804902-deux-fois-meurtrier-route-deux-ans-intervalle.html
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire